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Buck, la politique et le rugby

Il paraît que le président de la Fédération des industriels luxembourgeois aime le rugby. Sport superbe, où pour faire ressortir un ballon, on a le droit de «rucker». Comprendre mettre le pied dans le tas de joueurs à terre, pour talonner le ballon vers l’arrière. Quitte à y aller franchement! L’analogie vaut pour le débat politique aussi : il faut parfois «rucker» pour faire ressortir les vrais sujets. Ce que vient de faire Nicolas Buck, hier, lors d’une conférence rondement menée à Schengen (lire ici).
Il n’est pas bon, en cette période de législatives, de confisquer certains débats. Le système explosif des pensions? N’en parlons qu’à demi-mot, dans un pays où la moitié des électeurs travaillent dans la fonction publique. Et n’a donc objectivement pas d’intérêt à ouvrir ce dossier. Après moi le déluge, on verra bien plus tard… La dépendance à la main-d’œuvre frontalière (45 % des actifs) et le «Grand Luxembourg» qu’il faudrait construire avec nos voisins? Trop impopulaire. Cette perspective induirait de multiplier les investissements de l’autre côté de la frontière. Et de prendre des mesures de bon sens, comme la possibilité pour les frontaliers de dépenser leur chèque-service dans les crèches chez eux, plutôt que d’emmener leur gamin sous le bras à 6 h. Difficile à expliquer, quand on a bourré le crâne des électeurs avec ce Luxembourg qui est déjà gentil de donner du travail aux Français et aux Belges…
Nicolas Buck avait prévenu en introduction : les grands dirigeants du pays n’ont pas vocation à remplacer l’action politique. Mais à donner leur avis sur des sujets qui les concernent directement, «sans jamais brûler les ponts».
Avec une certaine humilité, Nicolas Buck a reconnu qu’il est plus facile de dire les choses quand on n’est pas aux responsabilités sur le plan national. Peut-être. Mais in fine, tout est politique à partir du moment où l’on s’intéresse à la vie de la cité. Et dans cette espèce de «maul» des grands partis, où les idées n’avancent qu’à petits pas, il est précieux d’entendre des voix qui sortent de la mêlée!

Hubert Gamelon.