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Un « Brexit » perdant-perdant

Les élections législatives de jeudi au Royaume-Uni concernent bien évidemment en premier lieu les Britanniques, mais elles sont aussi d’une importance cruciale pour les autres États membres de l’Union européenne. Le Premier ministre conservateur, David Cameron, a en effet promis la tenue en cas de réélection d’un référendum sur le maintien du pays dans l’UE d’ici 2017. Il a ainsi ouvert la porte à un «Brexit» (contraction de British et exit). Selon l’institut de recherche économique IFO de Munich, un Brexit coûterait très cher au pays, mais aussi à ses partenaires européens, et notamment le Luxembourg.

Sur le continent, il est de bon ton de dénigrer le peu d’esprit européen des Britanniques et peu de citoyens s’offusqueraient d’un départ des «British». La «perfide Albion» est souvent considérée comme le cheval de Troie des États-Unis en Europe. Mais comme le rappelait le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, l’année dernière dans nos colonnes, «l’UE sans le Royaume-Uni, elle ne joue plus dans la même catégorie, elle ne joue plus la Champions League (NDLR : la compétition de football la plus prestigieuse au monde)».

Et c’est vrai qu’au-delà des points de PIB perdus, se priver du Royaume-Uni, c’est se priver de l’une des économies les plus florissantes et de l’une des armées les plus puissantes du monde, qui possède l’arme nucléaire et est un membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Ces quelques éléments ne viennent que confirmer le fait qu’un Brexit serait une grande perte pour l’UE.

Mais plus important encore, aucun pays, une fois admis, n’a jamais quitté la famille européenne. À l’instar d’une sortie de la Grèce de la zone euro, un Brexit créerait un dangereux précédent qui pourrait donner des idées à d’autres. Beaucoup de politiciens sur le continent, telle Marine Le Pen en France, militent pour une sortie de leur pays de l’UE. Et cette idée rencontre un certain écho dans la population, qui ne voit plus dans l’Europe que le visage des marchés financiers. L’UE n’a que 58 ans d’existence, un temps relativement court à l’échelle de l’histoire. Sa survie n’est pas gravée dans le marbre.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)