La Première ministre britannique, Theresa May, a affronté la tempête avec un flegme inouï. Jeudi soir, après que quatre de ses ministres avaient donné leur démission pour protester contre le projet d’accord sur le Brexit, après avoir été agressée verbalement durant tout un après-midi dans une Chambre des communes déchaînée à cause du même texte, elle est apparue souriante, presque détendue, aux médias pour faire le point sur une folle journée.
Non, elle ne pliera pas face aux opposants de ce texte qui convient à son cabinet (ou du moins ce qu’il en reste) ni face à la Commission européenne. Vendredi, elle s’est même rebiffée face aux critiques acerbes venant de son propre camp en obtenant des appuis importants d’eurosceptiques. Elle maintient le cap et dirige le Royaume-Uni vers la sortie de l’Union européenne qu’elle aura choisie avec ses partenaires européens. Contre vents et marées.
Le coup de tabac de jeudi a pourtant fait souffler un vent de panique dans la capitale britannique. Jeudi matin, après l’annonce des quatre démissions des ministres, coup sur coup, un journaliste politique de la BBC confiait qu’il en avait lui-même perdu son anglais et ne savait pas où allait le Royaume-Uni fracturé par le Brexit. Derrière lui, des manifestants, ragaillardis par les événements, demandaient un second référendum sur la sortie de l’Union européenne de leur pays. Et la journée s’est poursuivie de la même manière : dantesque! Les prises de bec à la Chambre ont été mémorables et resteront dans l’Histoire.
Mais ce n’est pas pour cela que le Royaume-Uni se trouve à nouveau dans des eaux calmes. Il y aura un sommet extraordinaire à Bruxelles dans une semaine pour signer ce projet d’accord. Le texte sera ensuite présenté au fameux Parlement britannique qui devra voter ce projet d’accord en décembre. Les joutes oratoires risquent d’être à nouveau légendaires! Pour l’instant, le bateau britannique tangue, mais la tempête de cette semaine préfigure peut-être un ouragan. Et là, nous verrons si Theresa May réussit encore à tenir la barre.
Laurent Duraisin