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Bono, femme de l’année

La place des hommes dans le combat féministe est encore un peu floue. Bien entendu, tous les hommes qui font la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes sont les bienvenus. Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, en est le parfait exemple. Difficile de faire sans eux, car ce sont les hommes qui sont majoritairement au sommet de la hiérarchie, il leur serait facile de se garder des places bien au chaud et de finalement empêcher les femmes d’accéder à des postes équivalents. Bon, c’est déjà ce qui se passe, soyons honnête, alors les hommes qui sont prêts à lutter contre les vieilles habitudes et à bouleverser l’ordre établi devraient être encouragés.

Cependant, il ne faut pas tout mélanger. S’il faut encourager les hommes à prendre part à ce combat pour l’égalité des genres, il ne faut pas confondre… les genres. Ainsi, le magazine Glamour a eu l’idée lumineuse de dresser une liste de femmes de l’année où figure… Bono. Le chanteur de U2. Qui jusqu’à nouvel ordre est un homme. On flaire donc le coup marketing pour le magazine américain qui a réussi à faire parler de lui, hier. La rédactrice en chef a justifié ce choix par le fait que Bono serait un grand ambassadeur de la cause des femmes. Se battre pour les femmes équivaudrait donc à devenir une femme pour Glamour? Il semblerait.

Que les hommes prennent donc fait et cause pour les droits des femmes est une bonne chose, une très bonne chose. Qu’ils se substituent à elles pour devenir l’étendard de cette lutte, c’est une ligne qu’il ne faudrait pas franchir. Ou alors il faudrait renommer ce prix. Au lieu de mettre en lumière les femmes de l’année, qui ne se battent pas forcément spécialement pour l’égalité hommes-femmes, il faudrait alors récompenser les individus qui se battent pour la même cause, quel que soit leur genre. C’est une idée à creuser. En attendant, Bono a sûrement été très amusé d’être désigné parmi les femmes de l’année. Comme quoi, même dans le secteur des femmes, on manque de femmes. Un comble!

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)