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Bombage de torse

Les grands de ce monde étaient réunis lundi à l’ONU pour décider du sort de la planète. Si les mesures prises sont rarement efficaces, les Nations unies ont au moins le mérite de mettre des dirigeants autour de la table et de faire avancer le dialogue. C’est ce qu’on appelle la diplomatie.

Mais la plupart du temps, cela marche, ou cela permet au moins d’éviter des conflits plus lourds entre de grosses nations. Il faut évidemment que tout le monde y mette du sien. Et le président américain se contrefiche singulièrement de toutes ces règles non écrites. Donald Trump fait de l’ «antidiplomatie». Plus ses propos sont provocateurs, mieux c’est. Histoire de bomber le torse et de montrer qui est le patron.

C’est ridicule quand on entend donc des injonctions à détruire la Corée du Nord. Personne doué d’un état mental stable ne veut d’une guerre nucléaire mondiale. C’est donc une escalade de la violence verbale, en espérant que l’adversaire finira par abandonner. Pas sûr que du côté de la Corée du Nord on ne soit pas prêt à raser de la carte son propre peuple, encore faut-il que les moyens soient à disposition.

Jouer sur la carte mondiale est un vieux truc des États-Unis : au lieu de proposer des politiques bénéfiques au peuple américain, on les distrait avec un vilain à l’étranger, on le bombarde et on l’anéantit. Enfin, on essaie. Du coup, cela devient un bourbier, mais ce n’est pas grave car l’armée fait marcher la planche à billets et donne du travail à des milliers d’Américains qui ainsi ne se soucient plus de ce qui se passe au niveau intérieur.

Donald Trump avait pourtant basé sa campagne sur «America First», mais force est de constater que menacer la Corée du Nord est bien plus simple que d’avancer dans son propre pays. Reste que le président américain joue avec le feu, et que les voisins immédiats comme la Corée du Sud, le Japon et la Chine pourraient en faire les frais. Les deux coqs finiront sans doute par se lasser et passer à un autre jouet, sans qu’aucune solution pérenne n’ait été trouvée. Bref, juste du temps de perdu.

Audrey Somnard