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Bleu, blanc, rouge

Il y a ceux qui, comme le chanteur Renaud, ne peuvent pas «encaisser les drapeaux, quoiqu’le noir soit le plus beau». Il y a les autres, les plus nombreux, qui ont une relation particulière avec ces emblèmes nationaux, prompts à les brandir lors de victoires sportives, mais méfiants, le reste du temps, au moment d’afficher leurs couleurs.

Ce matin, les Français sont invités par leur président, François Hollande, à pavoiser leurs habitations du bleu, blanc, rouge, à l’occasion de l’hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre. Et comme ça se passe en France, cette simple idée est l’occasion d’un débat. Rien n’est simple, quand on parle du seul emblème de la France, tel que défini par l’article 2 de la Constitution de la Ve République.

Depuis son avènement, cette bannière n’a eu de cesse d’être récupérée par la politique, qui aime à se parer de ses couleurs pour prouver son attachement à la France. Le Rassemblement pour la République de Jacques Chirac était bleu, blanc, rouge. Le Front national de Jean-Marie puis Marine Le Pen est bleu, blanc, rouge. Une imagerie qui a écarté les Français de leur emblème, au point que ces couleurs sont devenues suspectes, alors qu’elles incarnent plus de deux siècles d’histoire et qu’elles n’ont été descendues qu’à deux reprises, lors de la Restauration monarchique, de 1815 à 1830, et lors de l’occupation nazie.

Aujourd’hui, les Français ont l’occasion d’aimer à nouveau leur drapeau. Non par réflexe identitaire, mais pour se souvenir de ceux qui sont tombés le 13 novembre, et tant d’autres avant eux, pour une certaine idée de la liberté. Car ce bleu, blanc, rouge n’appartient pas aux partis politiques, il incarne cette idée de la France révolutionnaire.

Et demain, peut-être, ils ressortiront encore leur emblème, pour montrer à ceux qui rêvent de l’abattre que «la France et le drapeau tricolore c’est une même pensée, un même prestige, une même terreur, au besoin, pour nos ennemis», comme l’écrivait Alphonse de Lamartine en 1848.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)