Il y a quelques années, le bitcoin ne valait presque rien. On le regardait du coin de l’œil, comme ça, sans imaginer qu’un jour il battrait tous les records. Depuis deux jours, la vedette des cryptomonnaies fait parler d’elle, car elle a dépassé le seuil des 7 000 dollars. Cette ascension peut donner le tournis, car elle est rapide (son cours s’est apprécié de 700% depuis janvier de cette année) et, osons le dire, peut-être un peu folle.
Contrairement à une monnaie régulée par une banque centrale, les billets libellés en ripple, zcash ou bitcoin n’existent pas, même si quelques chanceux ont déjà eu la chance de toucher une pièce estampillée d’un B barré comme le dollar. Les cryptomonnaies n’ont pas le charme que l’on trouve à des morceaux de papier échangés contre un bien ou un service. Il s’agit d’un algorithme, sécurisé certes, mais cela reste une chose virtuelle. Aujourd’hui monnaie spéculative, échappant à tout contrôle des banques, le bitcoin pourrait devenir demain un moyen de paiement banal si les établissements financiers y mettaient leur grain de sel.
Le Luxembourg a-t-il une carte à jouer dans ce jeu ? Sans doute. Celui qui se proclame pays des technologies financières aurait peut-être intérêt à montrer l’exemple à ses voisins européens. Pourquoi ne veut-il pas pour l’instant faire du bitcoin la deuxième monnaie légale du pays, comme c’est le cas actuellement au Japon ? Est-ce par peur ou par manque d’intérêt ? Seules les personnes concernées peuvent apporter la réponse.
Pourtant, en 2016, notre pays faisait figure de pionnier en accueillant la plateforme d’échange Bitstamp. La CSSF avait même été la première autorité en Europe à s’intéresser de près à cette devise particulière. Si le Grand-Duché posait un cadre législatif clair, cela permettrait de savoir de quelle manière cette monnaie basée pour certains sur du vent peut être taxée et, surtout, combien son imposition rapporterait à l’État. On dit si souvent qu’il n’y a pas de petites économies, alors pour quelle raison n’oserait-on pas chercher l’argent là où il se trouve maintenant et, pourquoi pas, là où il sera davantage encore demain ?
Aude Forestier