À écouter le collège échevinal de la Ville de Luxembourg, on peut avoir l’impression que le quartier Gare de la capitale est devenu une zone de non-droit. La police ne serait pas présente en assez grand nombre pour endiguer la criminalité à ciel ouvert, mais aussi toute autre forme de délinquance. En pleine journée, des citoyens devraient craindre d’être attaqués devant les commerces. Un seul cas de ce genre a suffi à Laurent Mosar (CSV) pour généraliser les choses et faire état d’une menace permanente dans le quartier Gare et justifier devant la Chambre le déploiement très controversé d’agents de sécurité privés.
Mais dans les faits, les quelques agents peuvent-ils vraiment prévenir des agressions dans un périmètre assez vaste? La réponse est plutôt négative surtout si l’on considère que la parade de la Ville pour faire entrer les patrouilles privées dans un cadre légal très restrictif consiste à charger les agents de surveiller… les horodateurs et le mobilier urbain. En effet, la loi sur les activités privées de gardiennage privé se limite à la surveillance de biens mobiliers et immobiliers, la gestion de centrales d’alarmes, l’encadrement de transport de fonds ou de valeurs et la protection de personnes («bodyguard»).
Ces patrouilles peuvent servir tout au plus au renforcement du sentiment de sécurité subjectif. Elles ne résolvent cependant en rien le problème social qui se trouve à la base de la délinquance, plus particulièrement dans le domaine du trafic de stupéfiants. La police grand-ducale a tenu à rappeler, vendredi, que seule une action concertée avec la commune, le parquet, les ministères de la Santé et de la Justice et les services sociaux permettent d’endiguer ce fléau. Le fait que la police confirme que les malfrats sont dans leur grande majorité des demandeurs d’asile issus d’Afrique ne change rien au besoin de procéder à une analyse différenciée de la situation, sans stigmatiser des communautés entières.
En tout état de cause, le Luxembourg et sa capitale ne sont de loin pas le Far West que certains souhaitent mettre en avant par pur intérêt politique. Les chiffres de la délinquance, dévoilées vendredi, sont venus le confirmer.
David Marques