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Biden l’Européen

Lors du G7 virtuel qui s’est tenu vendredi, le nouveau président américain a, avec fermeté, rappelé à ses interlocuteurs que l’ère de Trump était définitivement terminée. Les États-Unis comptent ainsi renouer avec l’Europe, fâchée par les manières et les manies de l’ancien locataire de la Maison-Blanche. Un message qui a dû être écouté attentivement du côté de Moscou. Finies les maladresses volontaires ou non de Donald Trump. Désormais, le cap est fixé et il est clair : il est temps de renouer avec des relations transatlantiques apaisées. Entre adultes. Enfin.

Donald Trump était un diviseur et, soyons clairs, il ne voulait pas voir une Europe unie face à lui, face à son économie. On se souvient de sa joie en voyant le Brexit qui se concrétisait. Le continent était pris entre Trump et Poutine, comme entre le marteau et l’enclume. Le marteau a aujourd’hui disparu. Reste le locataire du Kremlin. Celui-ci continuera d’appliquer sa méthode sans son allié malgré lui, Trump : semer les graines de discorde au sein des pays membres de l’Union européenne tout en la testant constamment et en s’appuyant aussi sur des partis populistes locaux qui éclosent aux quatre coins du continent. Ces derniers n’ont qu’un but : désunir l’Europe pour la fragiliser… pour le plus grand plaisir de Moscou.

Trump et Poutine avaient des intérêts divergents mais la même envie de nous voir encore nous entredéchirer, nous chamailler et finalement hésiter à avancer nos pions sur l’échiquier mondial. Ne nous trompons pas, pour Biden, les intérêts américains primeront, évidemment. Pas d’angélisme ici. Mais les pays membres de l’Union européenne seront dorénavant considérés, à nouveau, comme des partenaires et alliés et non comme des ennemis à réduire au silence ou à fragiliser en lançant des piques sur tel ou tel pays. «Avec de tels amis, on n’a pas besoin d’ennemis», avait même lancé l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk en 2018 en évoquant Trump et ses positions concernant les pays européens. La suite lui avait donné raison. Joe Biden a été lucide, vendredi, en estimant que les États-Unis devaient «regagner la confiance» du continent. Ne pas insulter nos nations à tout bout de champ est déjà un progrès. C’est donc bien parti.

Laurent Duraisin