Premier ministre depuis fin 2013, Xavier Bettel interprète son rôle de d’une manière bien différente que le faisait son prédécesseur Jean-Claude Juncker. Si le président sortant de la Commission européenne était sans aucun doute le chef du gouvernement, son successeur se voit bien plus en tant que capitaine d’une équipe homogène, où chaque ministre a le loisir de présenter et défendre ses grands projets politiques.
Sa sixième déclaration sur l’état de la Nation est venue confirmer que Xavier Bettel, reconduit en octobre dernier, n’a pas changé de style. Il a ouvertement avoué hier avoir fait volontairement l’impasse sur les problèmes brûlants comme le logement ou la cohésion sociale. Xavier Bettel estime que des dossiers d’une telle importance ne peuvent pas être réduits à quelques minutes dans un discours.
En se remémorant Jean-Claude Juncker, qui en 2002 avait clamé haut et fort que le logement était désormais une «affaire du chef», il n’est peut-être pas erroné de la part de Xavier Bettel de délaisser le terrain à ses ministres. Car sous l’ancien Premier ministre, la question du logement n’a pas vraiment évolué jusqu’à la fin du règne de Jean-Claude Juncker en juillet 2013.
Il faut toutefois se poser la question de savoir si l’actuel Premier ministre a fait le bon choix en limitant sa déclaration à la question climatique et à la protection des données. À un moment où le gouvernement est bousculé par un remaniement ministériel forcé et que la majorité est malmenée par l’opposition, le Premier ministre aurait bien fait de se montrer plus incisif et concret sur une série de points.
Xavier Bettel semble toutefois hésiter à trop se dévoiler. Après un premier mandat chahuté au début, le Premier ministre ne compte plus tirer à l’aveugle, sans concerter en amont les parties concernées. Du concret en matière climatique et sociale, mais aussi une large offensive en matière de logement, doivent cependant arriver rapidement sur la table pour garder la main sur une très fine majorité.
David Marques