Le Luxembourg ne pouvait plus se permettre de faire attendre ses alliés. En prenant l’engagement, en juin dernier, d’avancer à 2025 l’échéance visant à porter à 2 % de son revenu national brut son effort de défense, le Grand-Duché a su se repositionner en partenaire «fiable et crédible». Il y a un an, la ministre de la Défense, Yuriko Backes, estimait qu’il serait compliqué de dénicher les projets pour investir à terme 1,5 milliard d’euros. Il lui restait toutefois plus de cinq ans pour atteindre cet objectif. Désormais, ce défi doit être relevé en à peine quelques mois. Mardi, le Premier ministre, Luc Frieden, a en effet annoncé à la nation que le Grand-Duché comptait atteindre le cap des 2 % d’ici la fin de l’année.
Si le montant absolu baisse à environ 1,2 milliard d’euros, il faudra mobiliser quelque 400 millions d’euros de plus par rapport au budget initial de 780 millions d’euros. Dans les années à venir, l’effort de défense annuel devra être maintenu au-dessus du milliard d’euros pour continuer à respecter les 2 %. Et cette enveloppe risque de gonfler encore à l’issue du sommet de l’OTAN prévu fin juin aux Pays-Bas. Il se concrétise que les 32 États membres de l’Alliance atlantique seront forcés, à l’horizon 2032, de consacrer au moins 3,5 % de leur richesse nationale à la défense. Une tranche supplémentaire de 1,5 % pourrait s’ajouter pour satisfaire à la demande des États-Unis de Donald Trump, qui réclament un effort de défense de 5 %. Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, compte appliquer la formule de calcul suivante : 3,5 % de dépenses militaires stricto sensu et 1,5 % de dépenses de sécurité plus larges, comme les infrastructures (routes, ponts, réseaux d’énergie, cyberdéfense, etc.). Une bouffée d’air pour le Luxembourg? Plutôt non, car les plans du gouvernement prévoient déjà ces investissements «accessoires» pour atteindre le cap des 2 %.
La bataille financière ne fait donc que commencer. Au moins, le Grand-Duché et sa ministre de la Défense ont compris un message important : dépenser aveuglément de telles sommes ne fera en rien avancer l’OTAN. Que ce soient 2 %, 3,5 % ou 5 %, les Alliés ont tout intérêt à mettre leurs ego nationaux de côté et à investir dans des équipements sensés et interopérables.