Mises côte à côte, Rebecca Francis et Kinessa Johnson semblent avoir beaucoup de points communs. D’abord, ces deux Américaines sont de parfaites «badasses» : mi-bimbo mi-Rambo, elles sont des publicités ambulantes pour les fusils d’assaut.
Ensuite, ce n’est pas de la figuration : elles savent se servir d’un fusil. Et justement, elles s’en servent. C’est d’ailleurs pour cela qu’elles font le buzz en ce moment.
Mais la ressemblance s’arrête là. Car si un jour nos deux Yankees se croisent, cela pourrait fort finir en duel, façon western.
En effet, Rebecca adore faire des cartons sur des animaux et poser à côté d’eux : zèbres, lions, ours… Pas pour les manger, non, pour le plaisir. Hélas, son dernier trophée, un selfie tout sourire à côté d’une girafe morte, passe mal, et beaucoup d’internautes – guère plus évolués – lui souhaitent également une fin prématurée…
Ex-soldat de l’US Army, Kinessa, elle, chasse un gros gibier : le braconnier. Membre de l’ONG Vetpaw, elle s’associe aux rangers en Afrique pour protéger éléphants, rhinocéros et autres tigres en voie de disparition. Et elle est prête à faire parler la poudre pour cela.
Une tueuse de girafes contre une chasseuse de braconniers : moralement, le match semble plié d’avance, surtout quand Rebecca espère se défendre en précisant que la girafe était «âgée».
Mais si Kinessa est une gardienne, ce n’est pas non plus un ange. Sa réponse violente à la barbarie du braconnage rappelle notamment l’histoire d’une certaine Diane Fossey, dont la détermination admirable a permis de médiatiser la défense des gorilles. Mais son combat est aussi passé par les armes, dont elle s’est servie pour défendre ses protégés. Et il a fini par les armes, dans sa hutte, tuée à coup de machettes…
Et surtout, l’existence d’une Kinessa Johnson est un terrible constat d’échec. Tant qu’on ne punira pas sévèrement ceux qui organisent et profitent de ce trafic, depuis le grossiste d’ivoire jusqu’à l’impuissant qui croit qu’une tisane de corne de rhinocéros va le guérir, offrir des garde du corps à ces animaux ne reviendra qu’à leur accorder un maigre sursis.
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)