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Barman, un vote panaché SVP !

Le système électoral national se distingue par une particularité typiquement luxembourgeoise. Les électeurs du 14 octobre auront le choix entre un vote de liste (complète) ou un vote de panachage. Dans ce deuxième cas, l’électeur se voit octroyer la possibilité de voter pour ses candidats préférés, quelle que soit la liste sur laquelle ils figurent. Ce phénomène de personnification, dû au fait que le Grand-Duché reste un «grand village», décidera sans doute de l’issue de l’élection, tant il est ancré dans la mentalité des électeurs.

En ce sens, les têtes de liste– et d’affiche (électorale)– prennent bien plus d’importance que la liste elle-même, car tout électeur peut prétendre avoir au moins un candidat qui fait partie de son entourage, de près ou de loin. Ainsi, blasée par les programmes électoraux aseptisés et sans saveur de partis politiques qui sont devenus des «partis attrape-tout», en se détournant de leurs bases électorales traditionnelles respectives (démocratie luxembourgeoise du consensus oblige), la majorité des électeurs sera fortement tentée d’attribuer ses suffrages à des connaissances, voire à des personnalités au physique agréable et médiatiques.

Dans le premier cas, l’électeur votera pour son père, son frère, son cousin, son voisin, son médecin, son vétérinaire, son bourgmestre, son avocat, le notable du village ou tout simplement pour son acolyte du bistrot du coin, avec qui il refait le monde tous les soirs, entre deux, voire plusieurs verres de panaché.

Dans le second cas, l’électeur sera poussé à donner ses voix à des personnalités au physique avantageux (les affiches électorales retouchées au maximum sont devenues un impératif pour tous les partis ou presque), médiatiques ou dégageant un capital sympathie certain (du moins en apparence), mais aussi à des personnalités issues du monde sportif ou culturel.

En effet, comme le dit le politologue de l’université du Luxembourg Philippe Poirier, «dans ce système électoral, il vaut mieux être un candidat beau, médiatique et riche qu’un candidat moche, pauvre et malade». Alors, quel politicien paiera la tournée générale de panachés, au soir du 14 octobre ?

Claude Damiani