Le CSV a pris samedi un nouveau départ. Le soulagement était palpable, au moins parmi la délégation de mandataires et dirigeants qui ont pu se réunir à Junglinster. Devant leurs écrans, quelque 500 délégués ont attentivement suivi le congrès digital censé refermer la page Frank Engel. Chassé par les siens, le président démissionnaire n’a cependant pas encore dit son dernier mot. Il reste décidé à lancer son propre mouvement politique. Si ce dernier devient réalité, le CSV risque de perdre une frange d’électeurs, qui contrairement aux ténors de la fraction parlementaire, pouvait adhérer au style plus offensif de Frank Engel. «Je ne compte pas me laisser provoquer», souligne d’ores et déjà Claude Wiseler, le nouveau capitaine du CSV.
À plus court terme, la nouvelle équipe dirigeante devra gérer les casseroles financières de son ex-président. L’affaire judiciaire pour abus de biens sociaux tout comme le remboursement de cotisations sociales à Frank Engel constituent une grosse épine dans le pied du CSV décidé à se renouveler. Un audit financier doit permettre de faire la lumière sur cet épisode. Les résultats de ce dernier vont constituer un premier tournant pour la direction du parti.
Le second tournant sera la mise sur pied du programme électoral en vue du scrutin de 2023. Samedi, l’accent a été mis sur la cohésion sociale, le logement et le climat. Sans vouloir abandonner son caractère conservateur, le CSV est décidé à défendre sa place au centre de l’échiquier politique. L’entreprise est complexe. Les concurrents libéraux, socialistes et écologistes poussent aussi dans la même direction. Le social reste une priorité majeure pour le LSAP. Le climat est le fer de lance de déi gréng. Certains cadres du CSV ne cessent pourtant de dénigrer la politique verte. Dans le domaine du logement, la coalition tricolore n’a pas réussi à inverser la vapeur. Le CSV a cependant laissé un lourd héritage dans ce domaine.
En 2023, les places à pourvoir seront chères. Le temps des coalitions à deux partis semble révolu. Le CSV devra donc convaincre non pas un mais deux partenaires pour revenir au gouvernement. Aujourd’hui, la balle est au centre.
David Marques