Le 22 août, dans une interview accordée au Quotidien, le sociologue Fernand Fehlen affirmait que la langue luxembourgeoise était aujourd’hui «beaucoup plus présente qu’il y a encore dix ans». Dans un communiqué de presse envoyé en fin de semaine dernière, l’initiative «Wee 2050 – Nee 2015», mouvement né lors du référendum de 2015 en opposition au droit de vote des résidents étrangers, Fred Keup, son représentant, invite «l’activiste politique» et «sympathisant autodéclaré de l’ASTI» Fernand Fehlen à «étayer» cette déclaration «factuellement fausse et absurde» dans le cadre d’un «débat».
En effet, argumente Fred Keup, «c’est un fait établi que la part de résidents parlant le luxembourgeois est en baisse depuis des décennies», tendance renforcée par une «proportion d’immigrants en forte augmentation». Cette réalité quotidienne apparaîtrait d’ailleurs à tout le monde, même les personnes «non scientifiques», «avec la clarté du cristal» – à quoi nous répondons : certainement! Et nous sommes même amené à dire : avec une clarté aveuglante, en ce qui concerne Fred Keup, compte tenu du fait que son impression ne contredit en rien l’analyse de Fernand Fehlen : «La probabilité de rencontrer un luxembourgophone dans l’espace public», note l’universitaire dans une publication récente du Comité de liaison des associations d’étrangers (CLAE) «ne fait que diminuer, parce que la population résidente et la population active augmentent plus vite que le nombre de luxembourgophones».
Or Fernand Fehlen ne peut pas ne pas constater que «le nombre de locuteurs augmente continuellement» : il s’agit là d’une autre réalité et dont pourront se convaincre tous ceux qui se rendent dans les écoles de langues du pays, où la demande reste très élevée et d’où sortent les «locuteurs du luxembourgeois de demain» comme les appelle le pionnier en études luxembourgeoises, en concluant qu’«en chiffres absolus plus de gens parlent luxembourgeois», même s’ils sont «proportionnellement moins nombreux» à le faire, aussi bien dans la «population résidente qu’active».
Frédéric Braun (fbraun@lequotidien.lu)