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«Avec cœur et raison»

Secoués par la récente polémique autour de l’expulsion d’une mère et ses deux enfants d’une structure d’accueil, Léon Gloden et Max Hahn se sont efforcés, lundi, de se profiler comme des responsables politiques sensibles au sort des personnes cherchant à trouver refuge au Luxembourg.

Ils réfutent toute «approche inhumaine et sans pitié à l’égard des plus vulnérables» qui irait «à l’encontre de la sauvegarde de la dignité humaine», comme l’a dénoncé dans une lettre ouverte Marianne Donven, militante de longue date en faveur des réfugiés.

Léon Gloden, le ministre en charge de l’immigration, a souligné mener une politique de l’asile «avec cœur et raison». Son collègue Max Hahn, en charge de l’Accueil, a tenu à souligner sa «pleine compréhension» pour les «émotions» qui accompagnent les procédures d’asile. «Être débouté au bout d’un long processus constitue une énorme déception», ajoute-t-il.

Mais, en fin de compte, le gouvernement est dans l’obligation d’appliquer les réglementations existantes : une personne dont la demande d’asile a été définitivement refusée doit quitter le territoire. La Maison de retour est censée faciliter les renvois, dans des conditions dignes, avec notamment un soutien financier, psychologique, social et logistique.

L’intention resterait aussi de rendre cette structure «plus cosy», pour reprendre les mots du ministre Gloden. Les conteneurs installés dans un hall d’exposition ne seraient, en effet, pas adaptés pour accueillir dans de bonnes conditions des familles avec enfants. Une solution à court terme n’est cependant pas en vue.

Il en va de même pour l’augmentation des capacités dans les foyers d’hébergement. Le contingent de 8 200 lits n’est toujours pas suffisant. La raison n’est plus l’arrivée massive de demandeurs d’asile – le chiffre est en baisse de 18 % –, mais la difficulté de reloger les 2 300 personnes bénéficiant déjà de la protection internationale. Elles ont en théorie une année pour trouver un logement. Mission quasiment impossible au vu du manque d’habitations à prix abordable.

La réponse à ces défis ne peut pas être une politique plus répressive, telle que l’envisage l’Allemagne. L’engagement de mener une politique «avec cœur et raison» doit se traduire par des actes.