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Avantage au CSV?

Le système électoral luxembourgeois fait qu’il faut toujours prendre les sondages d’opinion avec des pincettes. L’une ou l’autre tendance est à dégager de la «Sonndesfro» que nos confrères de RTL et du Wort publient semestriellement. En ce mois d’avril, à cinq mois des législatives d’octobre, il est néanmoins compliqué de tirer des enseignements durables.

Premier constat : la coalition au pouvoir depuis fin 2013, formée par le DP, le LSAP et déi gréng, sauverait sa courte majorité de 31 sièges. En novembre dernier, ce trio était encore crédité de 33 sièges. Il se confirme que le LSAP de Paulette Lenert pourrait voler la vedette au DP de Xavier Bettel, le Premier ministre sortant. Les socialistes verraient, en effet, leur score (17,9 %, +1,1 point par rapport à 2018) et leur nombre de sièges (12, +2) augmenter. Les Libéraux laisseraient des plumes pour atteindre 17,1 % (-0,4 point) et 11 sièges (-1). Les verts – sauveurs de la coalition en 2018 (15,1 % et 9 sièges) – signeraient un résultat mitigé (12,8 %, 8 sièges). Une reconduction du gouvernement tricolore serait possible arithmétiquement. La possible prise du pouvoir du LSAP et les lignes rouges déjà dressées par le DP, tout comme le faible résultat de déi gréng, risquent toutefois de plomber d’entrée cette entreprise.

Le scrutin 2023 va-t-il donc sonner le grand retour du CSV? La nomination surprise de Luc Frieden, un ancien de l’ère Juncker, semble plaire aux électeurs potentiels. La descente aux enfers des chrétiens-sociaux (de 21 à 15 sièges fin 2021) est momentanément freinée avec un score de 27,1 % (28,9 % en 2018), mais toujours avec l’abandon virtuel de 4 sièges par rapport au dernier scrutin. Oui, le CSV sortirait toujours premier des urnes. Mais cette perte de sièges sera-t-elle un argument crédible pour être invité à former un gouvernement?

Si, traditionnellement, ce sont les têtes qui prédominent, renforçant le phénomène du panachage entre plusieurs candidats et partis, l’issue des législatives de 2023 pourrait bien davantage se décider sur la base des programmes électoraux. Un compromis à trois devra être trouvé, car les coalitions à deux partis semblent pour de bon appartenir au passé. Mais rien n’est encore joué. Le 8 octobre est encore très loin.