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Aux jeunes de jouer

Les manifestations des jeunes à travers le monde entier, vendredi, n’avaient pas vocation à alerter sur les dangers du réchauffement climatique, ils sont connus de tous. Non, la jeunesse a exigé, vendredi, des réponses concrètes aux responsables politiques. Et son injonction est on ne peut plus légitime puisque les jeunes sont les premiers concernés par la question et qu’ils n’ont pas leur mot à dire alors qu’on leur répète depuis qu’ils sont nés que le monde se dirige tout droit vers l’apocalypse.

Il faut bien reconnaître que les solutions apportées sont grandement insuffisantes. À l’échelle européenne, chaque gouvernement – que nous avons élu démocratiquement – applique son programme consistant en quelques mesurettes. On annonce plus de pourcentages de part d’énergies renouvelables par-ci, des augmentations de taxe sur le carburant par-là. Autant essayer d’éteindre un incendie de forêt avec un pistolet à l’eau. Mais il ne faut pas que les jeunes oublient que les réponses collectives à apporter au défi climatique aboutissent nécessairement à une remise en cause de notre mode de vie, et donc du leur.

Pour la plupart, leurs grands-parents n’ont pas grandi dans un tel confort matériel et il est compréhensible que la société de consommation ait été perçue alors comme un progrès. Mais aujourd’hui, il est évident que nous sommes allés trop loin. La jeunesse réussira-t-elle à corriger les excès de ses aînés? Demain, collectivement, trouvera-t-elle des mouvements et des représentants qui puissent réellement mettre en oeuvre une révolution écologique? Et votera-t-elle pour eux? Aujourd’hui, individuellement, saura-t-elle renoncer au mode de vie dans lequel elle a baigné depuis son enfance? Les jeunes résisteront-ils aux tentations de la société de consommation? Le choix des destinations de vacances sera plus limité si l’on ne prend pas l’avion. Le ski de piste, on fait également mieux d’un point de vue environnemental. Les roses du Kenya? Tant pis pour les amoureux. Les fruits exotiques et les légumes du bout du monde? On oublie. Passer des heures sur internet, un gouffre énergétique sans fond, sur le dernier smartphone? Et la liste est non exhaustive…

Nicolas Klein