L’état des finances publiques du Grand-Duché n’est en rien comparable avec le gouffre financier auquel est confrontée la France. Notre pays voisin affiche une dette de 3 400 milliards d’euros, équivalant à 115,6 % du PIB. Le gouvernement luxembourgeois en arrive à la conclusion qu’il dispose toujours du «luxe» de ne pas devoir effectuer des coupes budgétaires. La dette publique va, selon les prévisions, se stabiliser autour des 27 % du PIB et rester ainsi assez largement en dessous de la limite de 30 % que s’imposent les responsables politiques pour éviter toute dérive financière. La zone euro autorise une dette maximale équivalant à 60 % du PIB.
Malgré 900 millions d’euros de dépenses non budgétisées – dont 500 millions pour atteindre un effort de défense de 1,3 milliard d’euros (2 % du revenu national brut) –, le ministre des Finances, Gilles Roth, peut continuer à servir tout le monde. Il est à saluer que les transferts sociaux représentent toujours 46 % des dépenses. On peut aussi se réjouir des investissements conséquents dans la lutte contre la pauvreté, la santé, l’éducation et le climat. Le trésorier en chef de l’État estime que les finances publiques sont suffisamment robustes pour assumer ces dépenses. Gilles Roth mise sur un déficit prévisionnel de 1,49 milliard d’euros, résultant de 32,6 milliards d’euros de dépenses et de 31,1 milliards de recettes, en hausse, les unes et les autres, d’environ 5 % par rapport à 2025. La tradition veut que l’estimation du déficit soit toujours bien supérieure à la réalité. Le solde négatif prévu pour 2024, d’abord estimé à 1,9 milliard d’euros, se limitera à 228 millions d’euros. Pour 2025, le déficit se limite, au bout de neuf mois, à 521 millions d’euros, alors qu’un chiffre de 1,49 milliard d’euros avait été annoncé au départ.
La «formule magique» du gouvernement CSV-DP pour tenir le choc est toujours de doper la croissance économique et le pouvoir d’achat. L’espoir est que le PIB augmentera vraiment de 2,5 % en 2026, alors que la croissance se limitera à 1 % en 2025. Le pari reste risqué, d’autant plus que l’État se verra confronté, dans les années à venir, à d’autres charges, avec entre autres la réforme fiscale prévue pour 2028, dont le coût annuel est estimé à 800 millions d’euros.