Même effacé quelque peu par la crise du coronavirus, le prononcé dans le procès du SREL constitue un moment clé. L’acquittement de l’ancien directeur Marco Mille, de l’ancien chef des opérations Frank Schneider et de l’ex-agent André Kemmer vient en principe refermer une affaire politico-judiciaire qui a secoué le Grand-Duché.
Il n’y a certes pas eu mort d’homme, mais les répercussions d’un scénario aux allures de (mauvais) polar sont importantes. Le cocktail est à la fois explosif et invraisemblable. Un mystérieux témoin qui affirme au Premier ministre que le Prince Jean était un des Bommeleeër. Une supposée mise sur écoute du Palais grand-ducal. Un homme d’affaires nébuleux qui remet un CD crypté au Service de renseignement. Mise sur écoute dans ces conditions troubles du fournisseur du CD. Un chef du gouvernement enregistré à son insu. Et finalement, une crise politique sans précédent.
Sans la fuite dans les colonnes du Land de l’enregistrement de l’entretien Mille-Juncker, ces épisodes auraient trouvé place en dessous du fameux tapis qui est régulièrement ressorti au Luxembourg pour cacher des histoires explosives.
Pour les prévenus du procès du SREL, un complot pour chasser Jean-Claude Juncker a été mis en place. Cela ne doit pas faire oublier que le SREL était devenu un électron libre. Les dysfonctionnements se sont empilés. L’ancien Premier ministre, toujours rancunier, a finalement été obligé de payer les pots cassés.
L’affaire du SREL présente depuis le début des liens avec l’affaire Bommeleeër. La chape de plomb tient bon. Jusqu’à quand? Le 24 juillet 2019, le juge d’instruction a inculpé neuf personnes qui viennent se joindre aux deux gendarmes, dont le procès hiberne depuis l’été 2014. L’affaire du SREL évacuée, il serait temps de ranger le tapis poussiéreux et relancer les manœuvres pour enfin démasquer les auteurs de la série d’attentats à la bombe des années 80.
David Marques