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Au tour de Merz

L’Allemagne doit retrouver début mai, après un flottement de près de six mois, un gouvernement de plein exercice (lire en page 8). Il s’agit d’une bonne nouvelle pour l’Europe et aussi le Luxembourg.

Il reste toutefois à savoir quel sera le réel poids et la véritable force de frappe de l’alliance, formée par les conservateurs (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates (SPD). L’accord de coalition manquerait d’ambition, critiquent d’ores et déjà certains observateurs.

Une certaine fébrilité n’est pas à nier. Dans un contexte géopolitique très tendu, l’Allemagne s’apprête à être dirigée par un chef de gouvernement sans aucune expérience dans un exécutif. Friedrich Merz n’avait pas d’autre choix que de s’allier au SPD du chancelier sortant Olaf Scholz, lourdement sanctionné dans les urnes.

Les conservateurs n’ont également pas signé la percée espérée. Le seul choix des nouveaux partenaires de coalition sera dès lors de faire preuve d’unité afin de mener une politique cohérente.

Quels sont donc les plans du futur gouvernement? Des allègements fiscaux pour les ménages et les entreprises, une simplification administrative, une augmentation du salaire social minimum à 15 euros, des incitatifs pour augmenter le parc de voitures électriques et pour privilégier les transports publics, une flexibilisation des heures de travail ou encore un investissement massif dans l’infrastructure, mais également la défense.

Les priorités du gouvernement luxembourgeois, formé depuis fin 2023 par le CSV-DP, sont très semblables. Il existe d’autres parallèles. Luc Frieden est devenu Premier ministre après une longue parenthèse dans le secteur privé. Le parcours du chancelier désigné Friedrich Merz est similaire.

Un point majeur risque toutefois de peser sur la bonne entente entre le Luxembourg et l’Allemagne. Le durcissement de la politique migratoire, avec le maintien jusqu’à nouvel ordre des contrôles aux frontières et le refoulement de toute personne sans papiers valables (demandeurs d’asile compris), fait en effet partie intégrante de l’accord de coalition ficelé hier.

Ce virage répressif fait clairement figure de fausse note, à un moment où les questions liées à la relance économique et la sécurité européenne pèsent bien plus lourdement.