UBS a bien compris le parti à tirer de la concurrence entre places européennes pour séduire les financiers britanniques dans la perspective du Brexit. Pour pérenniser ses activités européennes aujourd’hui hébergées à Londres, la banque suisse penche plutôt pour Francfort. Ou Amsterdam peut-être. Ou Madrid, font savoir ses dirigeants. Traduction : «Nous irons au plus offrant.» UBS, qui emploie 5 000 personnes à Londres, se garde de dire combien d’emplois elle créera sur le continent. Quelques centaines, quelques dizaines ? Avec le Brexit, Gérard Mestralet, président de Paris Europlace, promet 20 000 postes à la place financière parisienne.
À condition de se montrer séduisant, en accordant par exemple de substantiels avantages fiscaux aux banquiers. Pour faire bonne figure, le Premier ministre français annonce des impôts à la baisse pour les plus hauts revenus. Pour l’État, ce sera un manque à gagner de 2 milliards d’euros par an. À l’heure où les caisses sont vides, c’est malin. Car, autant le dire, les 20 000 emplois promis par Mestralet ne seront jamais au rendez-vous.
Au moins ne pourra-t-on pas reprocher aux décideurs luxembourgeois de verser dans ce type de démagogie. Les plus optimistes tablent sur la création de quelques milliers d’emplois, les plus prudents sur quelques centaines. Les établissements de la City délocaliseront le strict minimum de personnel pour conserver leur passeport européen. Si les filiales qu’ils créeront sur le continent ne seront pas tout à fait des boîtes aux lettres, elles seront loin d’être des mastodontes.
Cela n’empêche pas les pays de l’UE de se faire la nique. Même si le propos fâche les responsables de la place luxembourgeoise, les Européens sont désunis sur ce dossier, fragilisant leur position dans les négociations sur le Brexit. Ce jeudi même, le ministre luxembourgeois des Finances est à Londres pour rencontrer des «dirigeants de plusieurs institutions financières». Il s’agit de les convaincre de mettre le cap sur le Grand-Duché. Mais cela, le ministère ne le dit pas. Pas plus qu’il ne précise qui seront ces interlocuteurs. Bien curieux de savoir si des dirigeants d’UBS sont de la partie.
Fabien Grasser