Un résident luxembourgeois sur cinq fume. C’est ce que révèle la dernière étude de la Fondation Cancer. Ces chiffres ne portent que sur la population du Grand-Duché et pas sur ses nombreux travailleurs étrangers qui, chaque jour, traversent la frontière pour participer à son économie florissante. En retour, on leur offre essence, alcool et tabac à bas prix. En tout cas moins cher que chez eux.
Ce trio du mal est une source de rentrées fiscales importantes pour le pays, qui joue de cet avantage concurrentiel pour favoriser le tourisme à la pompe. Expression honnie par ici et pourtant bien réelle, qui comprend non seulement le carburant mais aussi les deux autres polluants.
Le Luxembourg, malgré les pressions, malgré l’appel à la raison des associations, semble fermement décidé à continuer la politique du tabac discount. Car l’argent n’a pas d’odeur, même dans ce cas. Et comme «seulement» un Luxembourgeois sur cinq fume, pourquoi mener une politique volontariste pour réduire la consommation de nicotine? Le ratio entre les rentrées fiscales et la santé de la population semble pencher d’un seul côté.
Plus de cent études démontrent pourtant que l’augmentation des prix des cigarettes réduit le tabagisme, ainsi que le nombre de cigarettes fumées par les fumeurs qui n’arrêtent pas. Presque une formule magique, utilisée par de nombreux pays. Mais quand les fumeurs ont accès à du tabac moins cher qu’ailleurs, ils reprennent leurs habitudes.
Au Luxembourg, on fait fi de ces données. La Fondation Cancer aura ainsi l’occasion de réitérer son étude, en 2017. Et de rappeler, inlassablement, que le prix du tabac doit être augmenté, coûte que coûte.
Mais avec la chute du prix du baril, qui a pour conséquence une baisse des rentrées fiscales pétrolières, difficile d’imaginer le Grand-Duché renoncer à la manne de la nicotine. Ou même à celle de l’alcool. La santé attendra encore un peu. Après tout, ce n’est pas si important.
Christophe Chohin