Une assemblée générale qui ne rassemble personne. L’Assemblée générale des Nations unies a lieu actuellement à New York. Et elle a une saveur particulière. Ce rendez-vous permet aux chefs d’État et de gouvernement de se retrouver et d’évoquer les grands défis qui attendent le monde ces douze prochains mois. À cause du coronavirus, l’événement diplomatique a dû changer de format. Adieu les serrages de mains, les photos de groupe, les rencontres chaleureuses ou glaciales entre les dirigeants mondiaux. Les grands discours sont toujours là, mais la plupart des orateurs sont restés chez eux et ont envoyé des messages enregistrés. Tout un symbole.
Le monde se fracture de plus en plus et les grands blocs antagonistes qui ont émergé ces dernières années continuent de s’affronter. La Russie et ses alliés, les pays d’Occident, la Chine, la Turquie… les pays du globe semblent peu à peu devoir choisir un camp comme il y a quelques décennies. L’histoire semble bégayer. Ironiquement, cette Assemblée générale des Nations unies a lieu alors qu’au même moment un nouveau conflit risque de voir le jour entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Des joutes oratoires auront sûrement lieu au Conseil de sécurité sur le sujet. Mais il faudra ici, encore et toujours, choisir un camp. Faire taire les armes sera un sujet presque secondaire.
Les grandes puissances et les pays émergents désireux d’étendre leur sphère d’influence ont donné, année après année, des coups de canif à la vénérable institution. Une institution créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour notamment, rappelons-le, maintenir la paix dans le monde et permettre à tous ses membres de régler leurs différends de façon pacifique. Une utopie? Peut-être. Mais l’ONU, malgré ses faiblesses, est le dernier instrument que possède l’humanité pour éviter de s’entretuer. Ne le cassons pas et prenons-en soin malgré la montée des périls.
Laurent Duraisin