Le «bon» Luxembourgeois ne se salit pas les mains. Son objectif majeur demeure de décrocher un poste de fonctionnaire. L’estime qu’il porte à un rédacteur ou enseignant est toujours plus élevée que celle pour un électricien ou un maçon. La fonction publique, c’est pour les détenteurs du passeport grand-ducal, le secteur privé, c’est pour les immigrés et les travailleurs frontaliers.
Certes, nous grossissons le trait. Mais, c’est un fait que ce genre de pensée reste ancrée dans de nombreuses têtes. Le syndicat OGBL et l’Amelux, la nouvelle association des maîtres d’enseignement, remontent au créneau pour dénoncer que l’orientation vers un métier de l’artisanat soit le résultat d’un échec pour un élève. En d’autres termes : il est jugé inapte pour engager une carrière professionnelle considérée, souvent à tort, comme plus relevée ou prestigieuse.
Un cercle vicieux est enclenché. Déjà affaibli, le futur apprenti entamera sa formation avec peu d’enthousiasme. Les conditions de départ pour préparer son avenir professionnel pourraient être meilleures. Tom Wirion, le directeur général de la Chambre des métiers, partage d’ailleurs ce constat. «Si un élève connaît des faiblesses en mathématiques ou en langues, on lui dit qu’il ferait certainement un bon artisan. Or ce n’est pas forcément juste. Il faut tenir compte de l’ensemble de ses compétences», avait-il expliqué, le 12 septembre, dans nos colonnes.
Opter pour un métier de l’artisanat doit devenir un choix délibéré et ne plus être considéré comme une roue de secours. Le moment pour revaloriser la formation professionnelle ne pourrait pas être plus opportun. Avec la transition énergétique qui s’accélère enfin, les artisans vont devenir des acteurs clés. La garantie d’emploi n’est pas un leurre. Le Klima-Biergerrot a également reconnu la nécessité de rendre les métiers de l’artisanat plus attractifs afin de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée pour mettre en place la politique climatique.
Si le gouvernement est appelé à agir, tout un chacun devra aussi faire son autocritique, en se posant une simple question : à quoi ressemblerait notre vie sans boulanger, mécanicien, coiffeur ou ouvrier ? Ce n’est pas l’ordinateur posté sur un bureau qui permettrait à lui seul de faire tourner une société.