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Appel en absence

Il est toujours là, presque collé à notre main. Impossible de s’en débarrasser. Et s’il n’est pas dans notre poche, il est toujours à portée de vue pour voir la dernière notification, la dernière photo du copain parti se la couler douce loin de nos latitudes. Le smartphone fait partie de nos vies, mais est aussi un des ennemis de la sécurité routière. Il suffit de regarder attentivement autour de nous, une fois au volant, pour voir que cette épidémie née dès le lancement des premiers GSM ne s’est pas arrêtée. Elle a même empiré. Smartphone coincé entre l’épaule et la tête les deux mains sur le volant (il y a pourtant des kits «main libre»), automobiliste la tête baissée au feu rouge tapant un message et ne voyant pas que le feu est passé au vert, conducteur pianotant avec acharnement sur une application qui bugue à moitié, le tout en roulant à 30 à l’heure dans un quartier résidentiel… il suffit de quelques minutes d’attention pour voir l’ampleur du phénomène. Du 13 au 18 mai, la police grand-ducale a ainsi lancé une opération contre la distraction au volant. En une semaine, 288 avertissements taxés pour téléphone au volant ont été donnés (4 points et 250 euros). Un sacré chiffre.

Mais ne nous cachons pas derrière notre petit doigt. Nous avons tous jeté un coup d’œil sur ces machines de malheur au volant et fait une entorse au code de la route. C’est mal et on ne devrait pas le faire. Le mieux pour éviter toute tentation est de mettre son téléphone dans son sac ou sa poche et de ne jamais y toucher le temps que nous sommes au volant. L’interlocuteur qui appelle attendra, le message envoyé sera lu plus tard, la notification qui a fait vibrer l’appareil aussi. Nous vivons dans le monde de l’immédiateté, mais toutes ces tentatives de vous joindre attendront dix, vingt minutes. Et c’est d’ailleurs à se demander comment nous faisions avant la création de ce type d’appareil. Pour les plus anciens, rappelez-vous que ne pas être joignable tout le temps n’était pas un drame. Pour les plus jeunes qui sont presque nés avec un smartphone à la main, apprenez à déconnecter un instant. Le monde ne s’arrêtera pas… vous verrez.