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Antivax et son contraire

Jusqu’à présent, il y avait les fumeurs et les non-fumeurs, les carnivores et les végétariens, les cyclistes et les automobilistes, les athées et les croyants… Maintenant, il y a les vaccinés et les «antivax». Les moutons et les lanceurs d’alerte, les héros et les zéros, les «opprimables» et les défenseurs des libertés, les altruistes et les égoïstes, ceux qui pensent à leur prochain d’une manière et ceux qui y pensent d’une autre. C’est selon la perspective adoptée. Après les antimasques, les antivax ont fait leur apparition en force, là où les vaccinés se contentent de poster un bout de sparadrap rouge, bleu ou vert sur les réseaux sociaux. Vaccin : check ! Pas check, justement. Et les «antivax» ont des arguments et les partagent. Après tout, on est encore en démocratie. Enfin, je crois… Je suis vaccinée. Deux fois… Et j’espère que, comme quand on me demande du feu ou une cigarette avant 19h, je n’aurais pas à répondre : «Désolée, je ne fume pas/je suis vaccinée.»

Alors qu’une deuxième campagne de vaccination a été lancée pour les soignants au Luxembourg, Respect.lu voit un danger en cette polarisation en deux camps opposés. L’association redoute que si une identification claire s’opère, la discussion se durcisse et que des conflits apparaissent. Certains pourraient se sentir stigmatisés, ce qui ferait le jeu des extrémistes et des adeptes des théories complotistes qui foisonnent.

Pas évident dans ce contexte pour les gouvernements de choisir une stratégie. En France, on rend la vaccination obligatoire pour les personnels de santé, ailleurs on restreint les libertés pour les personnes non vaccinées pour les amener en douceur à franchir le pas, ou pas. Et on donne des chiffres : ces six derniers mois au Luxembourg, 94% des nouvelles infections concernaient des personnes non vaccinées. Le vacciné sera rassuré et l’antivax dira qu’il s’agit de pure propagande, que les chiffres sont truqués et que le virus, c’est juste une petite grippe. Allez, à bon entendeur ! Pour exister le yin a besoin du yang, le bien du mal, le jour de la nuit. Où il a du pour, il y a toujours du contre. C’est naturel dans la limite d’un certain équilibre.

Sophie Kieffer