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Anniversaire amer

Unité, résilience, solidarité… Les cérémonies du vingtième anniversaire des attentats du 11-Septembre ont eu lieu samedi aux États-Unis dans une atmosphère de recueillement. Comme chaque année. Vingt ans après, la blessure reste toujours aussi vive. Personne n’a oublié les images des tours du World Trade Center frappées par les avions et la fumée noire s’échappant au-dessus du Pentagone. Personne n’a oublié les heures qui ont suivi l’attaque et ces instants de sidération qui ont tétanisé une grande partie du monde. Quelle était la prochaine cible, qu’allait-il se passer? Puis, les États-Unis et les pays occidentaux s’étaient ressaisis et… la guerre contre le terrorisme était déclarée.

Vingt ans après, l’amertume s’est aussi invitée à ces cérémonies commémoratives. Elles ont eu lieu deux semaines après l’évacuation chaotique de Kaboul par l’armée américaine. La ville a été reconquise sans coup férir par les talibans. Ceux-là même, il y a vingt ans, qui refusaient de livrer les membres d’Al-Qaïda après les attentats du 11-Septembre. Un déluge de feu s’était abattu sur eux et l’Afghanistan avait été «libéré» de leur joug. Nous connaissons tous la suite de l’histoire. Oui, l’amertume de voir les ennemis d’hier, alliés d’Al-Qaïda revenir au pouvoir en Afghanistan est grande. Même si les fondamentalistes assurent qu’ils ont changé et promis que leur pays ne se transformera pas à nouveau en base arrière du terrorisme islamiste mondial. Nous verrons si cette guerre contre le terrorisme, qui se poursuit, est bien terminée dans cette partie du monde.

Vingt ans après, que reste-t-il aussi de la devise «unis, nous sommes debout»? L’Amérique n’a jamais été autant divisée. Les dégâts de l’ère Donald Trump sont encore là et le camp républicain ne semble pas pouvoir se reconstruire loin de son ombre et de ses féroces supporters maniant la théorie du complot pour arriver à leurs fins. Attention, car «divisés, nous tombons», comme le dit le reste de la devise que nous venons de citer. Le nouveau président Joe Biden va devoir faire mieux que ses premiers mois à la Maison-Blanche pour estomper cette amertume tenace et qui n’augure rien de bon pour la cohésion de son pays.

Laurent Duraisin