Accueil | Editoriaux | Amazon : combien de divisions ?

Amazon : combien de divisions ?

La question du nombre de salariés d’Amazon au Luxembourg est devenue polémique et investit le champ politique. La multinationale, qui a établi son siège européen au Grand-Duché, est dans la ligne de mire depuis le scandale LuxLeaks.

L’affaire a mis en évidence les avantages fiscaux dont le groupe a bénéficié au Luxembourg par le biais d’accords anticipés qui lui permett(ai)ent d’échapper à l’impôt dans les pays où il réalisait ses bénéfices. Au Grand-Duché, il était imposé à des taux effectifs parfois inférieurs à 1%. Cette pratique, assimilée à des aides d’État, vaut au groupe d’être condamné par la Commission européenne à rembourser 250 millions d’euros au Luxembourg. Belle somme dont le gouvernement ne veut cependant pas puisqu’il a fait appel de cette décision devant la Cour de justice de l’UE.

Pour les politiques, au Grand-Duché et ailleurs, l’équation est simple : le peu d’impôt payé par Amazon se justifie par le nombre d’emplois créés. Combien au juste au Luxembourg ? Quelque 2 000 avance le Premier ministre, Xavier Bettel, dans un entretien au Quotidien le 23 décembre. D’où tient-il ce chiffre ? Sûrement pas d’Amazon qui assure que seuls 1 500 salariés travaillaient en CDI au Luxembourg au 1er janvier 2017. Il s’agit majoritairement de cols blancs : managers, analystes financiers, traducteurs, etc.

Mais ce chiffre est en contradiction avec les 3 200 employés déclarés par la multinationale dans ses comptes annuels au Grand-Duché. Le groupe reconnaît du bout des lèvres qu’une partie des salariés non occupés au Luxembourg travaillent dans d’autres pays européens. Combien ? Pourquoi sont-ils déclarés au Luxembourg ? «Amazon ne prend pas position» sur ces questions, répond un communicant du groupe.

Les entreprises divulguent pourtant volontiers le nombre de leurs employés, surtout s’il est important. Cela prouve leur contribution à l’économie du pays, c’est bon pour leur image. Amazon ne le fait pas. Et si la «world company» de Seattle choisit de cultiver à ce point le secret et l’opacité, ce n’est certainement pas par humilité.

Fabien Grasser