Les récentes déclarations incendiaires faites par le vice-président américain, J. D. Vance, et le ministre américain à la Défense, Pete Hegseth, auront-elles au moins le mérite de réveiller, cette fois pour de bon, les leaders politiques de l’Union européenne, voire l’ensemble des pays du Vieux Continent qui font partie de l’OTAN ?
Dans les faits, l’Europe, avec ses 500 millions d’habitants et sa force de frappe économique, a des arguments solides pour faire face aux États-Unis de Donald Trump. Le plus grand déficit reste néanmoins sa capacité de défense. L’annonce de Washington disant que les Européens seront livrés à eux-mêmes pour assurer une éventuelle paix en Ukraine a une nouvelle fois fait apparaître au grand jour les lacunes existantes. Ces derniers jours, les appels à enfin investir plus et plus vite pour assurer et renforcer la sécurité européenne se sont multipliés. Ce sont les mêmes appels que l’on entend depuis le début de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, il y a presque trois ans. Ils sonnent de plus en plus creux et désespérés.
Car, en dépit de l’urgence, les querelles restent de mise. Le président français, Emmanuel Macron, insiste pour acheter du matériel européen. D’autres dirigeants misent sur le marché international. Le principe d’une interopérabilité des systèmes d’armement est toujours rejeté par une série d’États, misant sur une armée aux couleurs purement nationales. Plus que jamais, le chemin à emprunter est pourtant celui d’une armée européenne mutualisant les forces des Vingt-Sept. Mais, comme pour la course au réarmement, une véritable Europe de la défense ne se fera pas du jour au lendemain. Que de temps perdu, qui profite aujourd’hui à Vladimir Poutine. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, met en garde que 100 000 à 150 000 soldats russes pourraient à court terme être stationnés au Bélarus. Une attaque des pays baltes ou de la Pologne, dès l’année prochaine, ne serait pas à exclure.
A priori, les États-Unis de Donald Trump n’ont aucun intérêt à voir la Russie sortir renforcée de sa guerre contre l’Ukraine. Sa percée pour entamer des négociations de paix, sans forcément y inclure l’UE, démontre cependant qu’il ne se soucie guère du sort du Vieux Continent. L’alerte rouge est déclenchée.