Pour certains politiciens, surfant sur la vague du populisme et de l’extrême droite, cela ne peut pas aller assez vite. Dans les heures qui ont suivi la chute du régime de Bachar al-Assad, ils ont revendiqué des vols charters afin de rapatrier les réfugiés syriens présents dans leurs pays respectifs.
Le député chrétien-social allemand Jens Spahn et le chancelier autrichien, Karl Nehammer, se sont exprimés dans ce sens. Ce dernier a ordonné le développement d’un programme de rapatriement et d’expulsion. «Les retours ne se feront que sur une base volontaire», ajoute-t-il, mais seulement dans un deuxième temps.
Mardi, à la Chambre, le député Fred Keup (ADR) a tenu à saluer le fait que de nombreux pays se sont déjà engagés dans cette voie. Pour l’instant, le gouvernement luxembourgeois se contente de mettre en suspens le traitement des demandes d’asile des ressortissants syriens.
Une mesure administrative prise par d’autres exécutifs européens, qui, dans un premier temps, ne doit pas nuire aux Syriens ayant trouvé refuge au Luxembourg.
S’agit-il toutefois du bon signal, sachant que personne ne peut encore prévoir comment la situation politique et humanitaire va évoluer en Syrie ? «Ce n’est pas parce que le régime de Bachar al-Assad a été renversé que ça signifie que les Syriens n’ont plus besoin de protection et qu’ils ne sont plus en danger», souligne dans nos colonnes Marion Dubois, la directrice de l’association Passerell.
Il est vrai que des milliers de Syriens ayant trouvé refuge en Turquie se précipitent depuis dimanche vers la frontière pour rentrer dans leurs villes et villages. Rien ne dit que les millions d’autres qui sont arrivés au fil des années en Europe voudront retourner en Syrie.
«Il n’est pas dans notre intention de renvoyer en Syrie les réfugiés qui bénéficient de la protection internationale et qui sont bien intégrés, qui travaillent et dont les enfants sont scolarisés ici», tient à rassurer le ministre luxembourgeois des Affaires intérieures, Léon Gloden.
Mais quel sera le sort de ceux qui ne bénéficient pas de la protection internationale, au Grand-Duché et ailleurs ? Auront-ils droit à un simple «Au revoir, et merci» avant d’être expulsés ? Les craintes par rapport à une telle décision impitoyable sont réelles.