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Actes de censure

Lors de son discours d’investiture, le 20 janvier dernier, Donald Trump annonçait «signer un décret exécutif pour arrêter immédiatement toute censure gouvernementale et rétablir la liberté d’expression en Amérique». Le décret a bien été signé, mais il s’avère que pour le président américain, la liberté de s’exprimer n’est attribuée qu’à ceux qui se conforment à sa vision du monde. Depuis le début de son second mandat, il mène une guerre contre les universités, la recherche, les musées et les médias. En soi, il s’attaque sans retenue à la libre pensée et aux esprits critiques. Et sa stratégie fonctionne. Bon nombre des institutions visées capitulent sous la pression (financière) exercée par Donald Trump.

La dernière victime en date est Jimmy Kimmel. Les patrons de la chaîne ABC ont décidé de suspendre «pour une durée indéterminée» le show du très populaire animateur (lire en page 10). Son tort? Il a accusé la droite américaine d’exploiter politiquement le récent assassinat du militant pro-Trump Charlie Kirk. Un simple constat objectif, couvert par la liberté d’expression. Mais pas dans l’Amérique de Donald Trump, qu’il transforme à vitesse grand V en État autoritaire. Un État qui cherche à museler ses opposants. À commencer par les médias qui continuent à faire de la résistance. Le président américain a annoncé poursuivre le New York Times en diffamation, en exigeant 15 milliards de dollars de dommages et intérêts. En juillet, il avait indiqué réclamer au moins 10 milliards de dollars au Wall Street Journal. La chaîne CBS a fini par verser 16 millions de dollars pour régler un litige l’opposant à Donald Trump. Un «gros pot-de-vin» dénoncé à juste titre par Stephen Colbert, l’autre animateur populaire et ennemi juré du locataire de la Maison-Blanche. Son émission va disparaître des écrans à partir de 2026. Les prochains à figurer sur la liste sont la chaîne NBC et les humoristes Jimmy Fallon et Seth Meyers.

Le terme est fort, mais on peut bien considérer qu’il s’agit d’actes de censure. D’une «censure gouvernementale» que Donald Trump a lui-même promis d’arrêter. Le temps de la révolte sociétale doit sonner. Et plein soutien à nos consœurs et confrères qui ne comptent pas plier face aux menaces du camp trumpiste.