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Abject, décadent, rétrograde 

Hallucinant ! Nos confrères du Land ont publié dans leur édition de vendredi le compte rendu d’une réunion d’information de l’ADR sur la révision de la Constitution. On savait le parti réformateur opposé à la nouvelle mouture de la loi suprême. Les arguments employés pour convaincre les électeurs de rejoindre la contestation dépassent toutefois largement les bornes. On serait même tenté de reformuler ainsi le sigle du parti : abject, décadent, rétrograde.

Les qualificatifs sont durs, mais jugez vous-même de leur pertinence. Premier exemple du «tableau dystopique» (dixit le Land) dressé devant une assemblée limitée à… 22 citoyens : «Demain, ils pourraient vous interdire d’avoir des animaux domestiques.» Comprenez, la nouvelle Constitution contiendrait un passage qui interdirait aux citoyens d’avoir un chien ou un chat, car ces derniers produiraient trop de CO2. La phrase est signée par le député Roy Reding. Deuxième exemple, visant le droit au logement qui sera inscrit dans la Constitution : «Ils vont calculer à combien de mètres carrés vous aurez droit. Pour vous faire partir, ils vont augmenter les impôts jusqu’à ce que vous pliiez. Et puis, des étrangers vont venir vivre dans votre maison.» La phrase est «l’œuvre» de Sylvie Mischel, la présidente de la section femmes de l’ADR, qui s’était déjà fait remarquer fin 2019 par des propos qualifiés de «racistes» perpétrés contre Jean Asselborn. Pour finir, une menace qui est dans l’air du temps : «L’État pourra faire vacciner vos enfants, sans même vous demander.» Pierrette Koehler, la présidente de la section ADR de Bettembourg, a cru bon de devoir lâcher cette menace.

Il devient de plus en plus compliqué de ne pas qualifier la bande de Fernand Kartheiser de populiste, un reproche contre lequel le parti se défend bec et ongles. Peut-être tombons-nous dans le piège dressé par les stratèges de l’ADR. Les propos tendancieux et dangereux tenus par les élus doivent toutefois être dénoncés.

Les quatre grands partis (DP, LSAP, déi gréng, CSV) ont fait l’erreur d’abandonner le terrain à l’ADR. Alors que la question de la tenue d’un référendum ne cesse de gagner en ampleur, il est grand temps de lancer la contre-attaque et de revenir à un débat adroit, digne et rassembleur.

David Marques