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A quand le « congé animalier »?

Alors que l’actualité est marquée par la «réforme» du congé paternité, un consensus ayant été trouvé entre l’État et le patronat pour l’augmenter de deux à dix jours, une Italienne qui travaille dans une université de Rome vient d’obtenir deux jours de congés payés pour faire soigner son chien.

Si, dans le cadre du congé paternité, au Luxembourg, le patronat s’est dit «sensible» à l’initiative de l’État en faveur d’une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée, il faut bien comprendre que le financement de ces huit jours de congé supplémentaire sera à la charge de l’État. Ce geste providentiel est bien évidemment à saluer et pourrait ouvrir une brèche pour un hypothétique futur «congé animalier».

L’exemple italien constitue certes une grande première dans la péninsule, mais le Luxembourg aurait tort de ne pas le considérer. L’Italienne en question, célibataire, avait dû s’absenter de son travail pour porter son animal de compagnie chez le vétérinaire et ensuite l’assister durant deux jours, parce que son état nécessitait des soins urgents.

Si, dans un premier temps, son employeur lui a dénié l’octroi de ces deux jours de congés payés, cette salariée a finalement eu gain de cause grâce à l’assistance juridique d’une association italienne qui se bat pour les droits des animaux : ces deux jours d’absence ont finalement été comptabilisés comme des congés payés pour «motif personnel grave ou familial». L’Italienne était, en effet, parvenue à faire valoir que le code pénal de son pays prévoyait jusqu’à un an de prison et 10 000 euros d’amende pour quiconque abandonne son animal ou le laisse dans de «graves souffrances».

Alors que le projet de loi du ministre Fernand Etgen qui a pour objet d’assurer la dignité, la protection de la vie, la sécurité et le bien-être des animaux n’est toujours pas voté, pourquoi ne pas imaginer que le cas de figure italien puisse devenir réalité au Luxembourg? En effet, le texte définit l’animal comme un «être vivant non humain doué de sensibilité en ce qu’il est doté d’un système nerveux le rendant scientifiquement apte à ressentir la douleur et à éprouver d’autres émotions». De plus, le texte punit le fait d’«abandonner (…) un animal apprivoisé dont l’existence dépend des soins de l’homme». À méditer!

Claude Damiani