Le passionnant caucus de l’Iowa, aux États-Unis, a rendu son verdict. Passionnant surtout pour ceux qui étaient concernés, à savoir ces militants républicains ou démocrates qui ont lancé la campagne présidentielle américaine. Car sur le fond, les pauvres électeurs européens, souvent habitués au suffrage universel direct, ne comprennent rien, ou si peu, à ce mode d’élection. Surtout quand il se joue à pile ou face. Oui, avec une pièce, comme lors du tirage au sort du serveur au tennis ou de la moitié de terrain au football.
Dans l’Iowa, Hillary Clinton et son adversaire Bernard Sanders sont arrivés à égalité dans six circonscriptions. Pour les départager, les responsables des bureaux de vote ont alors sorti une pièce et l’ont jetée en l’air. La démocratie américaine se joue à coups de dollars. On le savait, mais pas de la sorte. D’habitude, ce sont surtout des valises de billets qui influent sur le sort des élections. D’habitude, la prime va au plus riche. Pas dans l’Iowa où elle est allée, côté démocrate, à la plus chanceuse.
À la plus riche aussi, certes, puisque Hillary y a investi 9,4 millions de dollars. Tout ça pour jeter une pièce en l’air et devancer son adversaire avec 23 délégués contre 21. Et il reste encore 49 États où les deux adversaires vont batailler. Et jeter de l’argent par les fenêtres.
Avec leurs adversaires républicains, ils auront dépensé 70 millions de dollars en campagne publicitaire pour le seul État de l’Iowa, stratégique car il donne une tendance du scrutin. Soixante-quatre millions d’euros de tracts, spots télévisés, affiches et autres t-shirts pour séduire un État rural de trois millions d’habitants. Il en aura coûté à Jeb Bush, frère de W. et fils de George, 2 846 dollars par voix. Car aux États-Unis, tout se compte.
Ces millions de dollars vont continuer à être dilapidés pendant neuf mois, avant l’accouchement d’un nouveau président des États-Unis, le 45e au poste. Cela ne se jouera pas à pile ou face, en tout cas dans les derniers mètres de cette élection gigantesque. Mais cela coûtera très cher, trop cher.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)