C’est la promesse d’un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros et 300 futurs emplois qui s’envole. En cette période économiquement difficile, la création de 300 emplois dans l’industrie n’est pas chose courante. Faut-il se désoler de voir Fage renoncer à investir au Luxembourg alors que la création d’emplois est cruciale en période de crise ? D’un autre côté, depuis le début de la pandémie du Covid-19 et ses dégâts économiques, l’accent est mis sur la nécessité de reconstruire plus intelligemment, plus efficacement et surtout plus durablement. Le plan de relance européen a fait, dans les textes, la part belle à la transition écologique.
L’Europe et les États sont en train de mettre sur la table des milliards d’euros pour limiter autant que possible la casse. Cette manne d’argent doit également servir à accélérer les investissements durables. Très vite, le doux rêve d’un monde meilleur, «d’un monde d’après», est apparu. Et si le renoncement de Fage était un premier pas vers ce monde meilleur ? Imaginons que demain le terrain qui devait accueillir l’usine de yaourt accueille une usine moins gourmande en eau, moins contraignante pour l’Alzette et plus utile à la société ? Oui, c’est un doux rêve, mais ce c’est vers quoi l’industrie doit se tourner. La crise doit profiter aux industries. C’est le moment ou jamais pour ce secteur généralement vu comme lourd, sale, imposant, brutal et vieux de montrer qu’il peut être jeune, dynamique, moderne et durable. Sans être un rêveur, si l’industrie aura toujours des conséquences sur l’environnement, certains de ses acteurs proposent de compenser leur impact ou encore développent des technologies plus propres.
Dans le cas de Fage, pas certain que l’environnement figurait dans les priorités du groupe grec qui semble encore ne considérer le Luxembourg que comme un pays opaque à la fiscalité intéressante. Aidons l’industrie autant que possible à condition qu’elle s’inscrive également dans le futur et renonce aux vieilles pratiques de ce fameux «monde d’avant», elle n’en sortira que plus attrayante.
Jeremy Zabatta