À la vitesse supérieure

Seize ans. Seize longues années à la tête de l’Allemagne. Angela Merkel a officiellement laissé hier son siège de chancelière à Olaf Scholz. Une page se tourne chez nos voisins. Angela Merkel a été longtemps une boussole dans son pays, mais aussi au niveau européen. Une force tranquille, rassurante, capable d’apaiser les tensions et, dans le même temps, de prendre ses responsabilités, d’agir fermement et de camper sur ses positions malgré les attaques. Elle incarnait une Allemagne sûre de sa puissance économique, cohérente et stable, permettant d’affronter l’avenir sereinement, malgré toutes les crises qui ont émaillé ces seize années de mandat. Et il y en a eu.

L’Allemagne est-elle aujourd’hui orpheline d’Angela Merkel? Nous verrons. Son successeur Olaf Scholz va devoir démontrer sa capacité à gouverner. Il ne doit pas s’imaginer qu’il pourra rapidement faire oublier la «chancelière éternelle». Non. D’autant plus que le programme qu’il veut mettre en œuvre est très ambitieux avec la légalisation du cannabis, la hausse du salaire minimum, la rigueur budgétaire et l’accélération de la sortie du charbon pour respecter le pacte climatique. La coalition composée des sociaux-démocrates, des Verts et des libéraux compte bien concrétiser ses idées avec ses méthodes. L’Allemagne est-elle prête à être bousculée de la sorte? Merkel avait réussi à imposer son temps à sa politique. Olaf Scholz, lui, ne restera pas seize ans chancelier. Avec ses amis, il va devoir faire vite. Reste à savoir si toutes les composantes du pays suivront à la même cadence sans rechigner.

Les barrières qui se trouvent devant ce nouveau chancelier sont nombreuses et pas seulement dans son pays, mais aussi au niveau international. Qui connaît Olaf Scholz dans les capitales étrangères? Angela Merkel représentait l’Allemagne en Europe et dans le monde depuis seize ans. Son souvenir sera difficile à gommer. Là encore, l’ombre de l’ex-chancelière risque de planer un certain temps au-dessus d’Olaf Scholz. Les comparaisons seront obligatoires. Nous en aurons peut-être la vérification demain. Le nouveau chancelier est attendu à Paris auprès du président Macron et à Bruxelles à la Commission européenne.

Laurent Duraisin