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A la remorque de Poutine

Vladimir Poutine est en train de réaliser un véritable tour de force géopolitique en Syrie, au nez et à la barbe des Occidentaux. La Russie, soutien indéfectible de Damas depuis le début du conflit en 2011, renforce actuellement considérablement sa présence militaire sur le sol syrien, dans le but officiel de lutter contre l’État islamique. Certains experts vont même jusqu’à prévoir une participation directe aux combats.

Et pour le Kremlin, les bénéfices sont nombreux. Tout d’abord, il s’assure une présence militaire au cœur du Moyen-Orient. Ensuite, il est en train de sauver son dernier allié dans la région, Bachar al-Assad. Enfin, il rompt en partie son isolement diplomatique en se plaçant au centre du jeu, comme l’illustre la visite, lundi à Moscou, du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, accompagné, s’il vous plaît, de son chef d’état-major et du chef des renseignements militaires.

Les Occidentaux sont pris de court. Depuis le début de la crise syrienne, ils ne sont allés que d’atermoiement en atermoiement. La «ligne rouge», fixée par Barack Obama en 2012 (à savoir l’utilisation d’armes chimiques par Assad contre son propre peuple), a été franchie sans susciter la moindre réaction. L’idée d’une zone d’exclusion aérienne permettant de mettre fin à la suprématie dans les airs du régime de Bachar al-Assad (et empêchant par la même occasion Damas de larguer des barils d’explosifs sur des civils) n’a jamais vu le jour.

Et bien sûr, l’avènement de l’État islamique (EI) n’a fait que compliquer la donne. Le «ni-ni» (ni Assad ni État islamique) est de plus en plus fragilisé. Alors que les Occidentaux, Français en tête, avaient fait du départ du dictateur une condition sine qua non à un règlement du conflit, cette position est en train tout doucement d’évoluer.

Le point d’orgue de cette partie d’échecs devrait être le discours de Poutine le 28 septembre à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU, à New York. Il y proposera une alliance du «monde civilisé» contre l’État islamique, incluant la Russie et le régime de Damas. Vous avez dit échec et mat ?

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)