Il est grand temps pour les Français que l’élection présidentielle touche à sa fin tant elle aura divisé un des pays les plus riches et pourtant les plus pessimistes du monde. La victoire probable d’Emmanuel Macron, dimanche, ne mettra pas un terme à ces divisions et la campagne des législatives s’annonce féroce. Même le «front républicain» face à l’extrême droite ne réussit plus à créer un semblant d’unité entre les différentes sensibilités politiques. L’électorat est fracturé entre quatre grands blocs allant de la gauche à l’extrême droite en passant par le centre et la droite et aucun d’entre eux ne semble enclin au compromis pour faire un pas vers l’autre, si l’on exclut le Front national de l’équation.
Alors comment trouver le plus petit dénominateur commun qui pourra ramener un semblant de concorde dans un pays où la culture du consensus est si faible ? L’écologie ? Les Français n’en font apparemment pas une priorité vu qu’ils ont placé en tête au premier tour trois candidats (Macron, Le Pen, Fillon, soit 65 % des suffrages exprimés) qui ont à peine mentionné le sujet pendant la campagne. Le libre-échange ? Seuls Macron et Fillon (44 %) ne l’ont pas présenté comme un danger. L’Europe ? Elle est soit présentée comme un ennemi, soit profondément remise en cause dans son fonctionnement et son idéologie actuels par 40 % de l’électorat (Le Pen, Mélenchon).
Au sortir du désastre de la Seconde Guerre mondiale, les courants politiques présents au sein de la Résistance – des communistes aux gaullistes – avaient adopté un programme commun (rétablissement du suffrage universel, nationalisations ou encore généralisation de la Sécurité sociale, entre autres). Mais depuis la fin des Trente Glorieuses, ce consensus a petit à petit volé en éclats. Au vu des dissensions politiques, géographiques et sociologiques qui traversent l’Hexagone, il est impératif de retrouver une forme de programme commun du XXIe siècle. Si ce consensus est impossible, alors c’est au niveau local que les citoyens doivent s’organiser sans attendre les lendemains qui chantent promis par un homme ou une femme providentiels.
Nicolas Klein