Les talibans sont redevenus les maîtres de Kaboul. Le pays vient de faire un retour en arrière de 20 ans. Mais doit-on être surpris? Pouvait-il y avoir une autre issue possible à l’intervention américaine et à celle de l’OTAN dans le pays? Une fois les soldats américains partis d’Afghanistan, qui aurait pu stopper l’avancée des fondamentalistes? Cela fait des mois que les talibans conquièrent des pans entiers du territoire afghan sans rencontrer de réelle résistance. Ils y ont imposé leur joug dans l’indifférence presque générale. Puis, les talibans ont fait fi des négociations et des pourparlers entamés pour continuer d’avancer et d’imposer leur loi. Après les régions, ce sont les villes et les capitales provinciales qui sont tombées. L’une après l’autre. Et les Américains n’ont pas bronché. La porte de la capitale était donc logiquement grande ouverte. Le président afghan s’est enfui dimanche et tout s’est effondré. Comme un véritable château de cartes.
Une question se pose : où est passée l’armée nationale afghane? Ses soldats se sont comme évaporés dans la nature. Les talibans ont, hier encore, fièrement défilé avec les blindés et les véhicules «made in USA» qui appartenaient à ces régiments censés éviter un retour de l’obscurantisme religieux dans cette partie du monde. Tous ont disparu, tous ont été balayés en quelques heures à peine. Le retrait des troupes américaines du pays était prévu pour s’achever le 31 août. Finalement, les talibans n’auront pas attendu. Ironie du sort, Washington a même dû renvoyer des renforts sur place hier pour sécuriser le départ de ses compatriotes et des nombreux Afghans ayant travaillé pour les États-Unis. Les autres pays occidentaux ont fait de même. Et au milieu des allées et venues des avions, des habitants de Kaboul tentent de fuir dans la panique l’avancée des islamistes.
Aujourd’hui, l’Afghanistan et ses habitants retombent entre les griffes des talibans. L’avenir s’annonce sombre. Reste à savoir si l’histoire va se répéter et le pays redevenir une base arrière de l’islamisme radical, avec ses groupes préparant des attaques contre l’Occident. Pas sûr que la guerre d’Afghanistan s’arrête totalement le 31 août comme l’espère Joe Biden…
Laurent Duraisin