Il doit franchement se marrer, en passant d’une chaîne d’État à l’autre. Se gaver avec délectation en écoutant les médias à sa solde débiter docilement sa belle propagande écrite en lettres cyrilliques. Ces nazis ukrainiens massacrent leurs innocents civils, violent leurs propres enfants sous les yeux de leurs propres femmes souillées, rasent leurs propres villages, paraît-il.
Il doit se bidonner à s’en tordre les boyaux, la cuillère plongée dans les pots de caviar que l’Europe et les États-Unis ne veulent plus importer. Tant mieux, ses obligés oligarques pourront s’en mettre plein la panse. Il y a de quoi faire couler la vodka à flots, le breuvage étant désormais prohibé dans nombre de contrées indignées par l’horreur de Boutcha, imaginant découvrir les mêmes atrocités à Marioupol et bientôt dans le Donbass, objet des convoitises de ses plans de bataille contrariés.
Les tergiversations dans la riposte occidentale doivent le rendre tout aussi hilare. Quand l’Union européenne «propose» à ses États membres de geler leurs achats de charbon et de bloquer les bateaux battant pavillon russe dans leurs ports, Vladimir Poutine doit probablement se taper sur les cuisses. À en mourir de rire. Car si les paquets de sanctions certes massives – avec une cinquième salve en préparation – commencent à étrangler son économie et surtout sa population déjà prise à la gorge, il a bien compris nos réticences à nous débrancher de sa bonbonne de gaz. Le nerf de sa guerre infâme. Des Européens bien trop frileux et pas très chauds à l’idée de grelotter l’hiver prochain. Il peut clairement rigoler puisque nos virements quotidiens de quelque 800 millions d’euros financent allègrement son entreprise macabre. S’autorisant, au passage, la provocation d’exiger le paiement en roubles.
Et pendant que nous tentons de définir la nature des crimes, son auteur a tout le loisir de perpétrer ces exactions toujours plus barbares. Le «boucher» du Kremlin – le terme lâché par Joe Biden a sans doute dû le poiler – a du sang sur les mains et des dizaines de milliers de vies sur la conscience. Ce n’est, du reste, pas ce qui effacera son éternel rictus narquois au coin des lèvres.
Alexandra Parachini