Depuis minuit, nous vivons à crédit. Ce samedi marque en effet le « jour du dépassement » à partir duquel, jusqu’à la fin de l’année, nous consommerons plus de ressources naturelles que notre Terre nourricière n’est capable d’en produire sur douze mois. Chanceux que nous sommes, Mère Nature est généreuse et pas rancunière. Elle ne nous facture pas les intérêts. À moins que les catastrophes qui pleuvent sur nos têtes en l’air, inondations, sécheresses, entre autres tempêtes et feux de forêt, soient le prix à payer de nos comportements désinvoltes.
Pour une fois malgré tout, le compte à rebours a reculé sous l’effet de la pandémie qui a freiné l’Humanité dans son élan destructeur. En 2019, notre dette débutait le 29 juillet. Quasiment un mois de gagné, quelle aubaine ! Et puis les bienfaits du confinement ont rapidement connu leurs limites. Si les usines et les moteurs ont tourné au ralenti, réduisant exceptionnellement les émissions de gaz à effet de serre (entre 8 et 10%, selon les calculs), tout cela ne servira à rien sans un changement profond en matière d’énergie et d’alimentation, préviennent les experts du climat.
Pourtant, à l’époque, on s’émerveillait de voir une faune et une flore plus sauvages s’épanouir. On jurait alors que rien ne serait plus comme avant puisqu’on se réinventerait. L’Homme nouveau dans le monde d’après éveillerait sa conscience écologique. Des vœux pieux aussi éphémères que les bonnes résolutions nées le 31 décembre et mortes le jour de l’An. Les plus gourmands ont retrouvé leur appétit vorace. Le ventre toujours plus gros que les yeux qui refusent de regarder la réalité en face. Voici que l’on dépense de nouveau sans compter. Nous avons choisi de rattraper le temps perdu dans nos vies sociale et économique, pas celui que nous devons à la planète. La question est de savoir jusqu’à quand elle continuera de nous faire crédit. Car un jour ou l’autre, il faudra bien rembourser.
Alexandra Parachini