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À crédit

Le Grand-Duché est en avance. Bien avant tout le monde et juste après le Qatar, le pays a, selon la méthodologie établie par le Global Footprint Network, épuisé lundi, toutes les ressources à sa disposition pour l’année 2021. Un petit rappel s’impose. L’an dernier, plus précisément le 22 août 2020, à l’occasion du «jour de dépassement mondial» (Earth Overshoot Day) en date du samedi 22 août 2020, le Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD) a publié un rapport détaillé avec les derniers chiffres relatifs à l’empreinte écologique du pays.

Selon l’étude de l’IBLA, si tous les habitants de la Terre vivaient comme les Luxembourgeois, ils consommeraient 7,99 planètes (sur base des chiffres de 2018), contre 1,69 planète en moyenne mondiale. Cela correspond à 7,8 millions d’hectares globaux (gha) pour le Luxembourg, soit 13 gha par personne. L’empreinte écologique démontre de manière impressionnante la surconsommation des ressources disponibles par le Luxembourg. Elle révèle que cette situation catastrophique est due avant tout à la consommation d’énergie (combustibles fossiles et électricité à base d’énergies fossiles), avec 7,75 gha par habitant (environ 60% de l’empreinte écologique totale du Luxembourg, soit une consommation nécessitant 4,75 planètes). L’empreinte alimentaire ( food footprint ) de 2,09 gha par habitant (soit une consommation nécessitant 1,28 planète) révèle néanmoins que chacun peut contribuer à une société plus durable en repensant et en modifiant ses propres habitudes de consommation et de vie. Par exemple, la consommation de viande et de produits d’origine animale correspond directement à elle seule à approximativement 0,65 planète. Des chiffres très clairs.

Et depuis que s’est-il passé ? Récemment, le gouvernement a présenté sa stratégie pour une économie circulaire qui reprend les sept principes énoncés par le CSDD. Mais comme de nombreux experts et autres scientifiques le répètent depuis des mois, ou plutôt des années maintenant, le temps presse. Et ce «jour de dépassement», qui tombe un 15 février pour le pays, est loin d’être rassurant. Chacun a une responsabilité et chacun a un rôle à jouer pour arrêter d’épuiser la Terre aussi tôt. Il est grand temps de passer à l’action pour arrêter de vivre à crédit sur le dos de la planète.

Guillaume Chassaing