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À couteaux tirés

Une lycéenne prend un coup de couteau à la place d’un autre, un jeune homme est poignardé dans le dos à cinq reprises, un autre se vide de son sang sur un trottoir après que son artère fémorale a été tranchée… La réponse est souvent disproportionnée. Pour un regard de travers, un signe mal interprété, un vêtement, une rivalité de petits coqs, certains adolescents ou jeunes majeurs dégainent un couteau avec une aisance et une froideur terrifiantes. Sans, semble-t-il, réfléchir aux conséquences pour soi et pour celui qui reçoit le couteau. Pourtant, porter une arme, c’est, disent le législateur et le bon sens, prendre le risque de blesser quelqu’un, d’être blessé ou de commettre tout autre acte irréversible pour soi ou pour l’autre.

L’adolescent boutonneux qui se la joue petite frappe devient-il potentiellement plus dangereux que les vrais vilains garçons du quartier Gare ? Ont-ils tous des couteaux dans les poches pour se protéger d’une menace qu’ils participent à entretenir ? Le phénomène n’est pas limité au Luxembourg. Aux Pays-Bas, les enseignes de grande distribution Hema, Action et Albert Heijn ont décidé de ne plus vendre de couteaux aux mineurs d’âge. Les procès se suivent et se ressemblent ces derniers temps : coups et blessures, tentative de meurtre ou assassinat…

Le crime de lèse-majesté commis contre les prévenus par les victimes mérite d’être réprimé par la lame. Les duels ont été interdits pour mettre fin à ce genre d’idioties. À leur âge, on laissait parler les poings et on se rendait compte qu’un bourre-pif bien placé, eh ben, ça fait mal. Ça nous passait le goût de distribuer des pêches par peur de devoir en manger. Chat échaudé craint l’eau froide. Ou on accueillait la provocation ou le provocateur avec une méprisante indifférence. Point de lâcheté, de la prudence. Cela permettait surtout d’éviter un casier judiciaire, un séjour à l’ombre pour réfléchir, des dommages et intérêts, ainsi que des vies brisées.