Quelle importance faut-il accorder à une minorité qui use de l’excessif et de la violence pour dicter sa loi ? Cette question se pose régulièrement parmi les journalistes, une corporation de plus en plus souvent dénigrée et intimidée par cette même minorité. Fermer les yeux n’est pas une option. La presse indépendante se doit d’avoir un regard critique sur l’ensemble de la société, prêter attention aux différents points de vue et dénoncer, le cas échéant, des dysfonctionnements.
Un confrère du Tageblatt a respecté à la lettre ces principes, d’ailleurs inscrits dans un code de déontologie qui est à respecter par tout journaliste professionnel. Après avoir découvert un profil au nom de Roy Reding dans un groupe Telegram, il s’est posé la question si c’était bien le député de l’ADR qui participait aux débats des antivaccins. Au lieu de se contenter de répondre, l’élu et avocat de formation a pensé utile de livrer les coordonnées complètes du journaliste dans le groupe.
Roy Reding se défend aujourd’hui en avançant avoir ignoré s’il s’agissait de coordonnées privées ou professionnelles. En soi, cela importe peu ! Pourquoi un député élu démocratiquement sympathise avec des personnes qui visiblement piétinent tout principe démocratique et qui se font un malin plaisir d’insulter et d’intimider un journaliste ? Un député ne devrait-il pas être un ardent défenseur de la liberté de la presse ?
Les explications de Roy Reding concernant son tweet polémique, qui selon le président de la Chambre est venu «minimiser» le covid, sont également douteuses. Cela aurait été un message «strictement privé», qui ne regarderait en rien le Parlement. Il faut admettre que l’élu de l’ADR condamne les manifestations devant les domiciles privés de ministres. Mais user de cet argument pour justifier son propre message tendancieux est pour le moins faiblard.
Finalement, le député estime que dans toute manifestation «il y a toujours des casseurs». Cette même excuse est véhiculée maintes fois par les participants au «rassemblement» de samedi qui n’avait rien de «national». Ici, la presse est clairement dans son rôle de fustiger les amalgames faits entre mesures sanitaires et régime nazi. Un député doit en faire de même.
David Marques