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Voter pour le moins pire

Le duel était connu depuis longtemps, mais il est devenu officiel cette semaine. La présidentielle américaine verra s’affronter le républicain Donald Trump et la démocrate Hillary Clinton, deux des candidats parmi les plus impopulaires de l’histoire des États-Unis. Les Américains vont se retrouver devant le même dilemme que les Français l’année prochaine au second tour de la présidentielle : voter pour le moins pire des candidats.

Tout a été dit sur le milliardaire, sur sa démagogie, sur ses saillies racistes à l’encontre des hispaniques et des musulmans, ses remarques sexistes, son projet de construire un mur sur les 3 200 km de frontière entre le Mexique et les États-Unis (il en existe déjà un courant sur plus de 1 000 km entre les deux pays) ou encore sa volonté d’interdire à tout musulman l’entrée sur le sol américain. Son élection le 8 novembre serait un message désastreux envoyé au reste du monde et particulièrement à l’Europe où des élections très attendues se tiendront en 2017 en Allemagne, aux Pays-Bas et en France.

Pour beaucoup, l’élection pour la première fois d’une femme à la présidence de la première puissance du monde représenterait au contraire une grande avancée et un message d’espoir. On ne peut que s’incliner devant tant de bons sentiments. Mais la victoire d’Hillary Clinton rappellerait aussi une tout autre réalité qui en dit long sur l’état de la démocratie outre-Atlantique : si elle est élue, seules deux familles auront dirigé le pays pendant 24 ans en… 32 ans.

Bien sûr, il est possible de faire de nombreux reproches à l’ex-«first lady». Elle est va-t-en-guerre et a voté en faveur de l’invasion de l’Irak en 2002. Elle prétend qu’elle luttera contre les dérives de Wall Street alors qu’elle a touché des millions de dollars de la part des banques pour y tenir des discours. Elle entend défendre la classe ouvrière en partie appauvrie par les accords de libre-échange signés… par son mari. Mais dans le climat politique actuel des deux côtés de l’Atlantique, simplement ne pas appeler à la haine, ne pas stigmatiser les étrangers, ne pas jouer sur les peurs des citoyens est suffisant pour être le moins pire des candidats.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)