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5% et le reste

À peine 5 % des élèves de l’enseignement secondaire au Luxembourg ont manifesté pour le climat vendredi. Où étaient les autres et pourquoi n’ont-ils pas suivi leurs camarades? Certains étaient dans la nature – on est jeune qu’une fois – et d’autres dans leur canapé avec la bénédiction de papa qui avait signé l’autorisation de ne pas assister aux cours pour aller secouer les puces des «vieux» à la manif. Ce papa qui, depuis qu’il a entendu dire que l’industrie polluait plus que sa voiture, dort sur ses deux oreilles et s’énerve dans les bouchons avec d’autres papas réfractaires aux transports en commun. Ou cette maman, parité oblige.

L’industrie, ce n’est pas eux. «Ah bon?», s’étonnerait le jeune à pancarte. Et les gadgets pas chers, dont tu n’as pas besoin achetés parce qu’ils ne coûtent rien sur un site de vente chinois, que tu jettes sans te soucier de savoir où vont les déchets, qui les produit? Et les composants de ta voiture? Et les raffineries de pétrole? Et les industries pour recycler, upcycler ou détruire les déchets que nous faisons produire? Et les jeans qui font le tour du monde avant d’atterrir sur tes fesses? Il est long le chemin et la voie vers la neutralité carbone est loin d’être libre.

Chapeau aux quelques jeunes qui y croient, qui s’intéressent, qui lisent, qui écoutent, qui observent et qui s’engagent. C’est signe d’intelligence et d’envie. C’est signe qu’ils sont combatifs et n’imaginent pas une existence morne sur une planète moribonde avant même d’avoir pris leur vie en main. Où seront-ils dans 20 ans? Leur combat aura-t-il mené quelque part? Je me souviens d’une citation du réalisateur Michel Audiart qui dit que «un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche». Je rajouterais : sauf quand il est coincé dans les bouchons…

5 %, ce n’est pas grand-chose. Cela montre, amis terriens, amies terriennes, qu’il y a encore du pain sur la planche et pas uniquement chez les «vieux». Courage chic planète!

Sophie Kieffer