Le conspirationnisme a cessé d’être un phénomène marginal. C’est le constat alarmant que dresse Rudy Reichstadt, membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès et directeur de Conspiracy Watch. Les résultats d’une enquête réalisée conjointement par ces deux organismes en décembre dernier révèlent l’influence des représentations conspirationnistes dans la société française.
Si deux Français sur trois sont relativement hermétiques au complotisme, 21 % des personnes interrogées se déclarent cependant «d’accord» avec cinq énoncés complotistes parmi les dix qui leur ont été soumis. Une première enquête du même type réalisée un an plus tôt laissait entrevoir que la théorie du complot comptait toujours plus d’adeptes et pas seulement en France. Une étude similaire menée par l’université de Cambridge et portant sur huit pays européens et les États-Unis dressait le même constat.
On découvre ainsi dans l’enquête publiée hier que 27 % des Français pensent sérieusement que les Illuminati sont une organisation secrète qui cherche à manipuler la population et que 43 % estiment que le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins. Et si 22 % approuvent l’idée qu’il existe un complot sioniste à l’échelle mondiale, 32 % ne se prononcent pas sur la question. Pas mieux.
Les moins de 35 ans, les moins diplômés et les plus défavorisés adhèrent plus volontiers aux théories du complot. Idem pour les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen. Ceux qui pensent ne pas avoir réussi leur vie sont les plus représentés parmi les sondés qui adhèrent à la moitié des théories farfelues énoncées dans l’étude. Ils sont forcément victimes de puissants détracteurs.
La théorie du complot séduit, c’est dans l’air du temps. Il n’y a qu’à voir le nombre d’énormités que l’on voit passer sur les réseaux sociaux pour se rendre compte du danger pour la société.
Mais faire de l’anticomplotisme est aussi considéré comme un complot.
Geneviève Montaigu