Terminus, tout le monde descend! Aujourd’hui, un train un peu spécial était attendu à l’Europort d’Illange, près de Thionville.
Manque de chance, il aura un peu de retard et n’arrivera qu’en milieu de semaine. Mais le cheminot aux commandes de ce train de marchandises est excusé : le train vient de loin, presque de l’autre côté de la Terre, de Chine pour être exact.
Comme de nombreuses gares ferroviaires spécialisées dans l’accueil de marchandises, l’Europort lorrain tente de se faire une place pour être sur la carte des nouvelles routes de la soie. À quelques encablures de là, le Container Land de Bettembourg souhaite aussi tirer son épingle du jeu et devenir une étape de ce nouveau lien entre l’Europe et l’Asie.
Les projets de la Chine pour s’ouvrir au monde sont spectaculaires depuis maintenant une trentaine d’années. Une nouvelle étape a été franchie lorsque le projet des nouvelles routes de la soie a été mis sur pied par le gouvernement de Pékin. En plus de la voie maritime, routes et rails doivent relier l’empire du Milieu au Vieux Continent via les pays d’Asie centrale et la Russie.
Et les Chinois n’ont pas perdu de temps. En 2011, une ligne directe entre en service et relie Chongqing à Duisbourg en Allemagne. En 2016, il fallait seulement douze jours à un train pour rallier l’Allemagne depuis la Chine. Si Marco Polo pouvait voir ça…
Mais les choses s’accélèrent encore. Aujourd’hui, seules les marchandises traversent ces distances immenses. Demain, il y aura aussi des hommes. Des projets voient le jour pour permettre aux Européens et aux Chinois de faire ce long voyage sur les rails.
L’année dernière, Moscou a annoncé que les premiers tronçons russes de la ligne à grande vitesse eurasiatique seraient posés en 2026. Bon, il faudra être patient avant d’arriver à bon port : on parle de deux jours de voyage en TGV pour rallier la Chine depuis l’Europe.
Toutes ces initiatives permettront à deux mondes encore tellement éloignés, au sens propre comme au sens figuré, de se rencontrer réellement. Et de se lier physiquement pour les décennies futures.
Laurent Duraisin