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2017, année virtuelle

Avoir, posséder et accumuler n’ont plus guère de sens dans une économie où la seule constante est le changement.» Non, ce n’est pas du Karl Marx. L’auteur est un économiste contemporain, qui vient d’ailleurs d’inspirer au Luxembourg sa stratégie pour la troisième révolution industrielle : Jeremy Rifkin.

En 2000, l’Américain publiait L’Âge de l’accès, prédisant qu’à l’avenir, l’accès à un service deviendra plus important que la propriété matérielle, les produits modernes n’étant pas faits pour être conservés. En effet, pourquoi posséder un DVD qui sera bientôt obsolète, alors qu’une immense cinémathèque sera toujours à portée de clic sur le web ? «Dans la nouvelle économie en réseau, l’accès à court terme aux biens et services devient une alternative de plus en plus séduisante à l’acquisition à long terme», écrivait-il.

Et il avait bigrement raison. En 2017, grâce à la dématérialisation, ce phénomène va se poursuivre. Il est déjà partout : la musique en streaming, la presse sur smartphone, les archives qui encombrent le cloud, les livres qui quittent les bibliothèques pour nos tablettes…

Même l’argent nous file entre les doigts ! Depuis quelques années, les banques et les États mènent une guerre contre le cash, préférant aux pièces et billets une ligne de compte virtuelle, plus facile à surveiller et ponctionner.

Bref, tout devient virtuel, impalpable… Et nous échappe. «Est-ce qu’en nous connectant à toutes sortes de relations, nous ne risquons pas d’être prisonniers des liens tissés par de toutes puissantes entreprises prestataires de services?», s’inquiétait Rifkin il y a 17 ans. À raison, encore une fois : le consommateur moderne n’a pas forcément gagné en indépendance. Notre argent peut se volatiliser en un éclair si un État le souhaite ou si une banque fait faillite. Les films, livres ou musiques téléchargés sur le web ne nous appartiennent pas : on ne peut les prêter ou les vendre. Sans oublier les réseaux sociaux qui ont réussi à nous faire croire qu’ils nous rendaient service gratuitement. Croyez-en plutôt cet adage : si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit!

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)

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